jeudi 31 janvier 2019

Au Poitiers Geek Festival les 9 et 10 février !


Eh oui, nous le savons depuis un certain temps, mais c'est officiel : Arcadia Graphic Studio honorera le pôle comics du Poitiers Geek Festival de sa présence (ou l'inverse) !

Pour l'occasion, nous aurons un stand avec une partie exposition où vous trouverez des planches de Forgotten Union, Dark Fates, Bogy, Phalène, Lord Corlatius, et des illustrations en grand format. Si vous souhaitez acheter (ou juste admirer) des originaux, Florian R. Guillon sera présent avec des planches originales et des sketchcards. Et bien sûr, nous aurons aussi à la vente nos productions habituelles, c'est-à-dire du Forgotten Generation (les numéros 1 sont à un seuil critique, et le numéro 2 du volume 1 est épuisé), du Terreur Noire, le sketchbook Anges & Démons, des affiches et la nouvelle collection de badges (il en reste encore un peu de l'ancienne, si vous avez du retard, mais le badge Drak Béryl est définitivement épuisé). Nous aurons même du Yamraj Century Comics. En revanche, Barry Kuda ne sera pas encore arrivé (oui, nous n'avons pas communiqué dessus depuis quelque temps hors Facebook, mais il est sur le point de sortir),

Mais la meilleure surprise, c'est que ce festival sera le premier pour Sophie Rumo et SteF ! Nous espérons que vous leur ferez un accueil chaleureux et que vous les bombarderez de questions sur World Justice et Steelman !

Si vous souhaitez commander des exemplaires de Forgotten Generation avant le festival, c'est possible ! Vous pourrez les apporter pour les faire dédicacer !


Rendez-vous à l'emplacement 37 les 9 et 10 février prochains au Parc des Expositions de Poitiers !

https://poitiersgeekfestival.com

mercredi 16 janvier 2019

Prose : Mémoires d'Atlas, chapitre 5



Chapitre VLa Peur de la Bataille

Ce jour fut le plus sombre de notre Histoire. Les légendes allaient évoquer une bataille épique, au cours de laquelle d’innombrables Héros auraient couru à leur perte et se seraient relevés malgré tout, pour mieux faire face au cataclysme. Unis. Debout. Résignés. Mais voilà la seule vérité, transcendant tous les mythes : cette journée était la dernière du Royaume des Océans.

Le temps semblait ne plus s’écouler depuis qu’une armure, d’un rouge étincelant, avait surgi de nulle part. Les yeux de son porteur étaient de la même couleur, en plus d’être extrêmement inquiétants. Sa seule présence suffisait à faire trembler toute la salle du trône. Peu d’habitants du cosmos avaient survécu pour en parler, mais tous connaissaient ce visage pâle et cette chevelure blanchâtre.

« Phobos.

- Ma chère sœur, il semblerait que j’arrive à point nommé. »

Le rictus de Deimos indiqua son amusement. Il devait y avoir une sorte de rivalité fraternelle entre celle-ci et son frère. Le Seigneur de la Guerre avait sûrement entretenu cette flamme en les élevant dans la compétition constante, murmurant à chacun qu’il pouvait être meilleur que l’autre. Et leur lien fraternel leur avait sans doute été transmis par la Maîtresse de l’Amour.

A peine avais-je pensé qu’affronter ces jumeaux ensemble serait un véritable cauchemar, que Phobos s’était mis en marche : son pas lourd, faisant s’évaporer la moindre goutte d’eau qu’il frôlait, était assurément la part la plus effrayante de lui. Mais je ne pouvais détacher mon regard de son visage serein, conquérant. Il était le seul soldat debout dans un territoire ennemi, pourtant il se savait victorieux.

Mes frères d’armes le tenaient en joue, prêts à attaquer, attendant qu’il porte le premier coup. Phobos stoppa sa marche devant le Titan que j’avais libéré. Alors qu’il contemplait la créature, celle-ci ne daigna pas bouger. En approchant sa main droite du monstre, le fils du Seigneur de la Guerre expira d’une voix étonnamment et compatissante :

« Titan. Ces imposteurs t’ont si longtemps retenu prisonnier. Et maintenant, ils t’obligent à te battre pour leur cause ? Tu mérites le repos. »

A peine Phobos avait-il touché le Titan que déjà, ce dernier commençait à fondre. Le fils de Mars ne prenait aucun plaisir à mener cette exécution et semblait même éprouvait une forme de compassion. S’il voyait la mort comme une délivrance – une récompense – je n’osais pas imaginer ce qu’il ferait à des soldats issus d’un Royaume ennemi.

Un cri me sortit de mes pensées. Celui d’un véritable Héros. Deimos avait profité de ma perte de concentration pour, dans un geste désespéré, réduire en cendres Arkantos. Des sanglots coulaient le long de mes joues. Je n’étais pas triste, mais fou de rage. Il était désormais trop tard pour que la fille du Seigneur de la Guerre quitte le Royaume des Océans ; j’allais en faire sa tombe.

Aussi, mes larmes devinrent soudainement des morceaux de glace tranchants. Je les avais projetés sur Deimos. Incapable de comprendre ce qui m’arrivait sur le moment, je finis, bien plus tard, par me faire la réflexion que la colère m’avait doté des mêmes capacités que mon père. Malheureusement, mes armes avaient fondu avant d’atteindre leur cible : Phobos protégeait sa sœur.

« J’ai beaucoup entendu parler de toi, Prince Sans Héritage. J’aurais aimé te voir intégrer les Légions de mon père. Ta souffrance aurait été si belle : participer au massacre de ton peuple allait faire de toi un monstre atroce, assoiffé de sang… »

Phobos s’était rapproché de moi. Le sol qui m’entourait avait disparu. J’étais désormais cerné par une épaisse fumée brune, figé devant la lueur de ses yeux rouges, incapable de surmonter ma Peur. Je n’en voulais pas à mes frères d’armes, qui, comme moi, étaient tétanisés. Je regrettais simplement de laisser le Royaume des Océans tomber sous la coupe de Mars.

« …mais tu as eu la noblesse de te battre pour ton Royaume, alors que tu avais déjà perdu. Ta mort sera honorable. »

Le toucher mortel de Phobos n’eut pas le temps de m’atteindre : la fumée avait disparu pour laisser place à des trombes d’eau plus puissantes que jamais. Au loin, je vis mon père, toujours prisonnier, mais quelque chose avait changé dans le bleu de ses yeux. La couleur était devenue plus intense. Son hurlement annonçait le Déluge qui allait suivre :

« ATLAS ! »


Je me tenais là, les poings serrés, repensant au combat, alors que le Seigneur de la Guerre était juste à côté de moi. Je retenais péniblement l’envie de détacher sa misérable tête, présomptueuse et casquée, du reste de son corps. Le regard pesant du Roi des Océans me poussait à garder mon calme. Après tout, nous faisions face à la Triade.

Le Souverain du Tonnerre, – mon oncle – sa Femme et la Saqe Seour du Seigneur de la Guerre résumaient une histoire dont je connaissais les moindres détails : mon père, dans un excès de colère, avait déclenché un raz-de-marais. Ce faisant, il avait englouti le Royaume, cité après cité, causant la mort d’une partie de ses sujets, mais aussi de quelques soldats de Mars. Et plus particulièrement Phobos.

Ils ignoraient qu’il avait agi pour me sauver. Était-ce par amour ou parce qu’il refusait de perdre un second fils dans le conflit qui l’opposait au Seigneur de la Guerre ? Je ne voulais pas connaître la réponse à cette question. Tout comme je ne pouvais pas supporter les réclamations d’un peuple de guerriers fourbe, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé.



Heureusement, Poséidon avait réussi à se défendre, arguant qu’en fomentant une invasion de son Royaume, Mars avait violé toutes les règles du cosmos et que sa réussite aurait sûrement marqué le début d’une longue période d’expansion. C’était la raison pour laquelle ses soldats resteraient prisonniers sur Mars jusqu’à nouvel ordre. Deimos perdit d’ailleurs son poste au sein des Légions.

Mais Poséidon avait commis un génocide en noyant tous ses sujets ; on dénombrait quelques survivants, mais la plupart d’entre eux avait subi des transformations physiques abominables. Poséidon fut alors condamné à l’exil sur les Terres de Gaïa. Aussitôt m’avançai-je, armé d’une bulle d’eau que je venais de générer. Tous les regards se braquèrent dans ma direction.

« Moi, Atlas, déclare être coupable de la chute du Royaume des Océans. J’ai commis de nombreuses erreurs, d’abord en libérant les pires créatures que nos peuples aient un jour affrontées, puis en pensant pouvoir maîtriser mes dons. »

Pour appuyer mes propos je laissai éclater la bulle. J’ignorais si mon père allait me pardonner d’avoir menti à son frère, mais je ne pouvais pas laisser la Triade l’exiler. Le Royaume des Océans avait besoin d’être reconstruit. Et seul un véritable chef saurait comment fédérer un peuple. Poséidon en avait la capacité. Et ma place ne se trouvait plus à ses côtés.

« J’ai agi en légitime défense, mais je mérite mon châtiment. »

Ma conclusion semblait avoir convaincu la Triade. Je fus banni sur les Terres de Gaïa et la solitude n’allait pas être ma seule compagne : le peuple des montagnes, qui avait perdu sa meneuse, Clito, choisit de me suivre. Les Hybrides, nés du cataclysme provoqué par Poséidon seraient bientôt chassés par les survivants qui n’avaient pas évolué ; ils ne tarderaient donc pas à me rejoindre.

J’ignorais ce que l’avenir nous réservait. Mais je comptais faire prospérer ma nation. L’Atlantide. Le Premier Empire des Terres de Gaïa qui allait montrer la voie à tant d’autres. Cette journée marquait la fin du Royaume des Océans. Et ma Renaissance.

Hinetertainment 2018                                                                                 jeffrey@hinetertainment.com

mercredi 9 janvier 2019

Prose : Mémoires d'Atlas, chapitre 4



Chapitre IV – Les Bannis des Océans

Des corps en putréfaction jonchaient le sol, pour dissuader quiconque de venir s’en prendre à ceux qui avaient commis de telles atrocités. Le sang des malheureux gardes recouvrait aussi bien les murs que le plafond. Quelques gouttes s’étaient mélangées aux étendues d’eau, leur donnant une couleur rougeâtre. Le Palais de Saphir était devenu un Château de Rubis.

Les soldats de Mars, répartis en rangs de chaque côté de la pièce, m’avaient laissé entrer. Sans doute voulaient-ils que j’admire le spectacle morbide qui se déroulait dans la salle du trône. Que je voie mon père suspendu en hauteur, attaché et bâillonné. Que je contemple, impuissant, Arkantos vaincu, à genoux, aux pieds de celle qui siégeait désormais à la place de Poséidon : Deimos.

« Tu aimes la nouvelle déco, Prince Sans Héritage ?

Je ne fus pas déstabilisé par la provocation de Deimos. Mais le regard qu’Arkantos me lança, plein d’incompréhension et le coup de pied qu’il reçut, pour avoir tenté de me parler, manquèrent de me faire perdre mon sang-froid. La fille du Seigneur de la Guerre cherchait à régner en inspirant la Crainte. Je ne pouvais pas la laisser gagner. Je me devais de ne transparaître aucune émotion.

- Deimos, comme tu es venue négocier avec le Roi des Océans, je me présente à toi afin de discuter des termes de ta reddition.

Mon interlocutrice éclata de rire. Elle avait sûrement perçu que l’assurance dont je m’efforçais de faire preuve me mettait effroyablement mal à l’aise. Mais surtout, elle était persuadée d’avoir l’avantage. Les yeux écarquillés de mon père étaient rivés sur moi. J’ignorais s’il me prenait pour un fou ou s’il éprouvait une certaine fierté à mon égard. A dire vrai, je n’avais jamais su faire la différence.

- Pardon, mais j’ai cru mal entendre : tu veux que je me rende ? Espères-tu échanger ta vie contre celle de ton Royaume ? Tu crois vraiment avoir autant de valeur ?
- Ecoute-moi. Je vais tâcher d’être le plus clair possible : pars avec tes soldats, maintenant. Libère le Roi. Et nous nous contenterons de venir chercher les deux tiers du Domaine de ton père, comme convenu.
- Je comprends mieux pourquoi ton père a si peu de considération pour toi : tu n’es qu’un imbécile, Atlas ! Tu ne vois vraiment pas que tu as perdu ? Les accords ne tiennent plus ! J’ai annexé le Royaume des Océans ! 

Deimos ne riait plus. Elle était pleine de colère. Et, sans que je ne m’en rende compte, un sourire s’était dessiné sur mon visage. La glace qui décorait la salle du trône se brisa, pour laisser apparaître une armée ; la mienne. Des femmes et des hommes, venus des montagnes, tenaient désormais en joue, avec des armes rudimentaires, les soldats de Mars, attendant un ordre de leur chef, Clito.

- Le Royaume des Océans est bien plus vaste que tu ne l’imagines.

Moi-même je ne savais pas grand-chose du peuple des montagnes. Les récits du Royaume décrivaient une bande de sauvages, incapables de comprendre nos codes ou nos cultures. En réalité, ils n’avaient juste pas eu la chance de naître au bon endroit. Et Poséidon s’était épris de l’une de ces barbares. Toute sa vie, il avait expliqué avoir commis une erreur. Pourtant, elle se battait pour sauver sa vie.

- Si tu penses que de simples mortels vont m’effrayer, tu es plus stupide que je ne le pensais !

Des tremblements. Des gravats tombant du plafond. Un poing tourbillonnant vint s’écraser au centre de la salle du trône, faisant trembler les soldats de Mars. La créature difforme finit par pénétrer le Palais de Saphir. Elle était composée intégralement d’eau, de glace et de vapeur. Les corps prisonniers Par-Delà le Temps finissaient par se changer en êtres élémentaires ; tel était le sort des Titans.



Du sang qui gicle. Un crocodile venait de faire son entrée et de dévorer trois de nos ennemis. Ce n’était pas n’importe quel animal. C’était l’une des divinités pharaoniques venues du Soleil, avec qui le Souverain du Tonnerre avait longtemps été en guerre. Mon père en avait fait sa prisonnière. Et j’étais parvenu à la séduire en lui promettant qu’elle pourrait tuer quelques-uns de mes semblables.

Le crocodile et le Titan avaient balayé les rangs adverses. Le peuple des montagnes n’avait plus qu’à désarmer les soldats de Mars. Nous reprenions l’avantage. Et bientôt, à travers tout le cosmos, résonneraient les chansons dédiées au Prince Sans Héritage et à son armée de Bannis, qui avaient sauvé le Royaume des Océans. Mais je ne cherchais pas la gloire. Je me battais pour sauver mon père.

Victorieux, sans faire preuve d’excès de confiant, je m’avançais vers Deimos. Je savais qu’elle aurait pu me désintégrer d’un simple mouvement. Mais elle avait conscience que j’avais rassemblé autour de moi un véritable baroud d’honneur. Et que s’il m’arrivait quelque chose, chacun de ses membres se feraient un plaisir de l’attaquer. Je m’adressais donc à elle, après avoir aidé Arkantos à se relever.

- Tu refuses toujours de te rendre ? »

Deimos ne me lança pas de pic. Elle se contenta de sourire. Je ne compris pourquoi que lorsqu’un bruit sourd résonna dans toute la salle du trône. La bataille se stoppa. Les regards se tournèrent vers une épaisse fumée brune qui semblait s’être générée seule. Lentement, une silhouette s’en dégagea. Et elle n’incarnait rien d’autre que la Peur.



Hinetertainment 2018 jeffrey@hinetertainment.com

mardi 8 janvier 2019

Bonne année 2019 !

Black Terror III, Steelman, Drak Béryl et Venomous par Florian R. Guillon et Mahmad
Toute l'équipe d'Arcadia Graphic Studio vous souhaite une bonne année 2019 !

Nous avons un beau programme prévu cette année - qui marquera aussi les dix ans de la publication du numéro 0 ! Que de chemin parcouru !

Nous serons présents dans plusieurs festivals que nous vous dévoilerons au fur et à mesure de l'année. Dans le même temps, vous allez faire connaissance avec de nouveaux héros maison (le dessin ci-contre est déjà un indice), retrouver de vieilles connaissances, manger des chips avec les indiens bilingues, et encore d'autres choses.

Nous avons encore beaucoup à raconter, et nous espérons que vous serez toujours plus nombreux à nous lire !

Et pour conclure, je citerai le vénéré Stan Lee, qui nous a quittés en fin d'année dernière : "Excelsior !".

mercredi 2 janvier 2019

Prose : Mémoires d'Atlas, chapitre 3




Chapitre IIILes Montagnes

L’obscurité. Les ténèbres. La peur d’avoir atteint la Demeure des Morts et d’être accueilli par le sinistre Prince qui la régit ; mon oncle. Un bruit. De l’eau qui coule. Une lumière bleutée. Mes yeux s’ouvraient lentement. La douleur qui parcourait mon corps réfuta mon hypothèse, alors que je me relevais péniblement pour découvrir un paysage magnifique.

La lueur d’Ouranos ne m’avait jamais semblé aussi forte. Sans doute, parce que l’altitude à laquelle je me trouvais était des plus hautes. La roche me tenait compagnie de toute part. A première vue, je me trouvais dans les montagnes dont parlaient les légendes du Royaume de Poséidon : celles où aucun sujet n’avait le droit de s’aventurer.

Alors pourquoi cet endroit me semblait-il si familier ? J’avais la sensation terrible d’avoir déjà foulé ce sol et de reconnaître certaines marques d’érosion ; même si elles semblaient plus nombreuses que dans mes souvenirs. Comme pour me rassurer, j’avais choisi de fuir les tours que me jouait mon esprit et de suivre le bruit de l’eau.

Mais les principales images qui m’assaillaient étaient plus récentes : celles du sang de mes frères d’armes qui venait tacher le Palais de Saphir. Les soldats envoyés par Deimos avaient méthodiquement exécuté chaque membre de la garde royale. Aucun d’entre eux ne s’était montré cruel. Leurs gestes symbolisaient simplement une organisation militaire.

Deimos m’avait, à ma grande surprise, laissé en vie. Elle ne pouvait pas avoir fait preuve de clémence. C’était une épreuve de courage : elle voulait savoir si j’aurais l’intelligence de rejoindre ses légions ou si je ferais preuve d’assez de témérité pour m’y opposer. Elle n’allait pas être déçue : en hurlant, j’étais retourné dans la salle du trône pour égorger un de nos ennemis.

« Pars le plus loin possible ! »

Arkantos n’avait pas pour habitude de donner ce genre d’ordre. D’abord, parce qu’il pensait qu’aucun officier ne devait abandonner son poste, mais aussi car il était intimement persuadé que le Palais de Saphir était l’endroit le plus sûr du Royaume. Je ne sais, d’ailleurs, pas ce qu’il aurait pensé, s’il m’avait vu en train d’errer dans ce bois, perdu au milieu des montagnes.

Evidemment, sur le moment, j’avais choisi de désobéir à mon mentor. Même s’il semblait perdu, je ne pouvais pas laisser la peur venir à bout de moi. Je devais me battre, quitte à sacrifier ma vie. Pour lui. Pour le Royaume. Pour Poséidon. Et je me défendais bien, rendant les coups à mes adversaires, tentant de les piéger. Mais la venue de Deimos sur le champ de bataille changea la donne.

La fille du Seigneur de la Guerre était puissante : ses ongles écarlates généraient des faisceaux d’énergie, capables de réduire en cendres tout ce qui se trouvait sur leur chemin ; même ses propres troupes. Le chaos que Deimos répandait frôlait la poésie. En quelques instants à peine, elle avait fait régner la Mort dans le Palais de Saphir.

Je croyais alors pousser mon ultime soupir quand j’entendis le souffle d’un ouragan. Celui-ci ne percuta pas pour me blesser, mais bel et bien pour me sauver ; il avait été formé par mon père. C’était mon dernier souvenir de la bataille. J’ignorais si Arkantos, ou même Poséidon, avaient survécu au combat. Je m’étais contenté de me réveiller loin d’eux.

C’était l’ouragan qui m’avait propulsé sur ces terres. Mon père, en voulant me protéger, m’avait piégé dans ces fichues montagnes. Et par sa faute, au lieu de l’aider à se battre, je perdais du temps à chercher un misérable point d’eau… Mince. J’aurais aimé comprendre plus tôt la raison de ma présence en ces lieux. Et surtout, pourquoi j’avais l’impression que ce n’était pas ma première visite.


Lorsqu’enfin j’achevais mon périple pour arriver devant le ruisseau où s’abreuvait une femme aux cheveux turquoise et aux yeux vairons, tout me revint. Elle-même s’immobilisa pendant quelques secondes. Aucun de nous deux n’avait besoin de parler : nous nous étions mutuellement reconnus. Et malgré toutes ces années que nous aurions aimé rattraper, je dus mettre rapidement un terme à notre étreinte.

« Mère, le Roi des Océans a besoin de votre aide. »

Hinetertainment 2018 jeffrey@hinetertainment.com