Si vous êtes en âge de lire ces lignes, vous devez savoir qu'il s'est passé quelque chose de particulier le 7 janvier. Quelque chose qui n'est pas franchement beau. Je parle bien sûr de l'attentat de Paris, dans les locaux d'un journal désormais bien connu.
Poster des vœux dans ces conditions-là aurait été bien sordide, cela va de soi. Et même poster du contenu aurait été bien compliqué. Quant à poster des hommages, cela aurait été très difficile aussi : nous n'avons rien de dessinateurs de presse ou caricaturistes, et ce ne sont pas des influences dont nous nous réclamons habituellement ; dès lors, dessiner nos personnages rendant hommage aux défunts aurait eu un relent d'opportunisme que ces derniers auraient vivement critiqué.
Néanmoins, nous restons un collectif artistique, et en tant que tel, nous ne pouvons pas rester sans voix. Ne vous attendez pas à voir ici une déferlante de dessins rappelant que "Nous sommes Charlie" et que nous défendons l'idée d'une presse libre : les actes ont plus de poids que les mots, et c'est en gardant ceci en tête que nous continuons, artistes de tous bords, à défendre l'Art et l'Expression en continuant de dessiner et d'écrire. Et à notre niveau, nous rendons hommage aux artistes disparus, car nous ne sommes pas si différents, après tout.
Je vous retranscris l'hommage de Maxime Saint Michel, écrit sur le vif et plein de bon sens :
"Pourquoi les super-héros ne tuent pas ? A cause des jours comme le 7 janvier 2015.
Un jour plus sombre que les autres qu'on ne doit pas oublier, qu'on ne doit pas faire semblant de ne pas avoir vécu mais qui ne doit pas laisser nos propres démons nous submerger.
Nous devons nous rappeler que, quels que soient les événements, même quand l'espoir semble perdu, quand les coups paraissent trop forts, l'Ecriture, le Dessin, l'Humour et toutes les autres formes d'Art sont supérieurs à la violence. Même quand certains prétendent partager nos croyances et agir en leur nom, nous ne devons jamais chasser de notre mémoire ce en quoi l'on croit.
Les super-héros ne tuent pas, car ils n'oublient pas ce en quoi ils croient. Ils n'oublient pas que l'art vaincra la violence. Et c'est leur raison d'être."
Et pour conclure ce premier message de 2015 en demi-teinte, voici l'hommage dessiné par Edwin Boyer, qui retranscrit très bien notre ressenti.
