dimanche 26 mai 2019

Interviews arcadiennes : Maxime Saint Michel

Photo © Marie-Clémence David

-Tout d'abord, bonjour, Maxime. Peux-tu te présenter brièvement pour les milliards de malheureux qui ne te connaissent pas encore ?

Moi, c’est Maxime Saint Michel, alias Emmessem. Je tiens un blog qui parle de ce que je fais et de mon avis sur la pop culture. J’écris des films, des séries et des bandes dessinées. Et je suis rédacteur en chef de Forgotten Generation !

-Maintenant, parle-nous de ton parcours. Qu'est-ce qui t'a mené à la BD ?

J’ai grandi entouré d’adaptations de bandes dessinées, des animes japonais aux films de super-héros, en passant par ces jeux sur PC qui étaient tellement complexes qu’on ne pouvait passer les niveaux que grâce à des codes. Ça a fini par me donner envie d’en lire.

Je n’achetais pas les figurines qui en étaient dérivées pour les collectionner, mais dans le but de jouer avec, de raconter mes propres histoires, en me servant des personnages qu’elles représentaient.

Au CM2, j’ai rédigé mon premier écrit d’invention : un crossover entre Crash et Spyro. Après avoir enchaîné les fanfictions – notamment sur Naruto – inachevées, j’ai fini par créer mes propres héros. Et raconter leurs aventures sous forme de BD m’a semblé naturel.

Ma formation de scénariste n’a fait que renforcer mon envie d’écrire !

-Quelles sont tes passions, ainsi que tes goûts en matière de BD, films, musique, séries ?

Si je suis surtout un lecteur de bandes dessinées franco-belges, de comics et de manga, je m’intéresse à un maximum de médias. J’aime les héros profondément humains, qui se retrouvent forcés de grandir, parce qu’ils sont plongés dans une aventure qui les dépasse. Certains diraient que j’ai des goûts mainstream, mais je l’assume complètement :

Les mangas qui me passionnent le plus sont des shonen nekketsu. Yu-Gi-Oh! a défini mon enfance. Naruto a profondément marqué mon adolescence. Et l’univers de My Hero Academia fait vibrer, en moi, beaucoup de cordes sensibles.



Côté comics, je lis surtout ce que publient DC et Marvel, avec une affection particulière pour les œuvres de Brian Michael Bendis et Geoff Johns. Ce sont des scénaristes qui transcendent le mythe du super-héros à travers des intrigues épiques, sans jamais perdre de vue les problématiques humaines.



Kid Paddle est le premier héros de bande dessinée franco-belge auquel je me suis véritablement identifié. Ses aventures me faisaient beaucoup rire. Depuis j’ai découvert le travail de Davy Mourier, qui mélange parfaitement la comédie et la tragédie, notamment dans La Petite Mort.



Forcément, je m’intéresse aux adaptations de comics, particulièrement aux séries du Arrowverse à la télévision. Mais ce sont les œuvres britanniques, comme Doctor Who, Being Human ou Sherlock, qui me touchent le plus. J’ai beaucoup d’affection pour certains scénaristes français ; notamment les frères Astier et François Descraques.



La patte de Joss Whedon a influencé mon amour pour le Marvel Cinematic Universe, dont je continue d’aller voir chaque film. Mais j’ai grandi avec les classiques d’animation Disney – comme Aladdin ou Hercule – et la saga Star Wars. Astérix : Mission Cléopâtre est ma comédie française préférée, même si j’adore Louis de Funès. Et je suis de près le travail de Philippe Lacheau.



Musicalement, j’aime autant le métal industriel de Rammstein que le punk rigolo des Fatals Picards. Mais j’ai surtout un amour inconditionnel pour les textes incroyables de Jacques Brel.

Enfin, bien que joueur occasionnel, j’apprécie les mascottes de la PlayStation, comme Jak, Ratchet ou Sly Cooper. Mass Effect est la dernière saga vidéo-ludique à m’avoir profondément marqué.



-Ont-elles une influence sur tes BD ?

Ce serait compliqué de répondre non. D’abord, parce que c’est mes lectures et mes visionnages qui m’ont donné envie d’écrire. Mais aussi et surtout, car je pense qu’inconsciemment, on s’inspire toujours de ce qu’on aime. Je parlais des auteurs qui abordent des thématiques qui me touchent : je traite des choses similaires dans mes œuvres. Il en va de même pour le ton et les univers que j’aime explorer. Et il m’arrive lorsque j’écris, que le procédé scénaristique que j’utilise me rappelle quelque chose. A mon sens, c’est un phénomène naturel. Tout ce qui compte, c’est de savoir digérer ses références et les utiliser à bon escient. Il faut éviter de les vomir bêtement.

-Quelle a été ta première BD ?

J’ai commencé à essayer de faire de la bande dessinée au collège, en même temps que je me suis lancé dans la création de blogs. Mon premier essai était un manga grandement inspiré de Naruto : il mettait en scène Ryumaru, un samouraï capable de maîtriser la foudre, issu d’un village vénérant un dragon. J’ai fini par perdre ce que j’avais écrit suite à un problème informatique et j’ai mis le projet en pause, sans jamais le reprendre. J’y repense parfois et, même si ça a beaucoup nourri que j’allais créer ensuite, j’aimerais en faire quelque chose, un jour.



-Pourquoi avoir créé Drak Béryl ? D'où t'est venue cette idée ?

Drak Béryl est né de l’envie de créer un univers super-héroïque, inspiré de Marvel. Cette dernière information est très importante, puisqu’à l’époque il s’appelait Dragonman et son costume, aussi bien que ses origines, le rapprochaient d’un certain Peter Parker. C’était déjà un eurasien capable de cracher du feu. Le projet m’a beaucoup plu et a suscité l’intérêt de quelques personnes sur Internet. Ça m’a donné envie de le creuser et de me différencier de mon modèle américain. D’abord, je voulais rendre hommage aux cultures européennes et asiatiques à travers les super-héros que j’allais créer. De façon plus inconsciente, il y a quelque chose que je voulais dire avec cette BD, mais que je n’ai réussi que tardivement à formuler : je veux montrer que la différence, sous réserve qu’on l’accepte, peut devenir une force.


-T’inspires-tu de personnes que tu connais ?

Là aussi, je pense que c’est un procédé naturel. La personnalité de mes héros est souvent inspirée de la mienne, avec un trait de caractère poussé à l’extrême ou une vision des choses qui me correspond ; ce qui est assez logique, puisqu’ils véhiculent mon message. Mais ce n’est pas toujours évident de faire la part des choses entre le protagoniste et l’auteur. Pour les personnages secondaires, en revanche, quand j’ai commencé à écrire, je ne m’inspirai quasiment que d’amis, au point de donner leurs prénoms à l’entourage de Drak Béryl. Aujourd’hui, c’est l’inverse : en construisant mes personnages, je remarque des similitudes avec des connaissances et j’essaye, selon les cas, de m’en détacher ou de m’en rapprocher. J’aime aussi créer des archétypes en pensant à des mythes ou des figures historiques réelles.

-Attention, grande question : si on te proposait de reprendre une série actuelle en BD (qu'importe l'origine), laquelle choisirais-tu ?

Kid Paddle. Sans aucune hésitation. Plus jeune, j’avais une idée que je voulais vendre – eh ouais, j’aimais déjà l’argent – à Midam, pour un one-shot ou une série plus feuilletonesque. J’espère que je ne suis pas en train de pitcher quelque chose qui est sorti entre temps ou pire : le scénario du film que prépare Kev Adams. En tout cas, ça vient entièrement de moi, à la base. Kid participe à une compétition qui prend la forme d’un jeu de rôle en ligne dans lequel il choisit d’incarner le Petit Barbare. Sauf que sa rivale, Max, prend aussi part au tournoi. Et dans un premier temps, ils vont lutter ensemble contre les autres joueurs. Le but, ce serait vraiment de rendre hommage à la BD et à la série animée, en ramenant des personnages apparus le temps d’une planche ou d’un épisode. Et de montrer le jeu de rôle en parallèle des relations entre les joueurs.



-Même question, mais avec une série disparue.

L’inconvénient – ou l’avantage – de s’intéresser au mainstream, c’est que les séries ne disparaissent jamais vraiment. Il y a toujours un scénariste pour prendre la relève, quelqu’un pour relancer la licence, d’une façon ou d’une autre. Mais certaines manquent à l’appel. X-Factor, par exemple. Ce serait un honneur de suivre les traces de Peter David en reprenant cette série, avec le VRAI Jamie Madrox sur le devant de la scène. Qu’est-ce qu’il a fait pendant toutes ces années avec Layla Miller ? Que pense-t-il du multivers Marvel ? Et il est où Guido ?!? Quel serait ton crossover rêvé, aussi improbable soit-il ? J’adorerai lire un crossover entre les héros de l’univers Marvel et ceux du Weekly Shonen Jump. D’accord, My Hero Academia est peut-être déjà l’Amalgam entre ces deux entités, mais imaginons que Deku et ses copains puissent rencontrer les Avengers, que Naruto fasse un concours de blagues avec Spider-Man ou que les Chevaliers d’Athéna affrontent les X-Men. Ce serait pas génial ? Je crois bien que si.



-Y a-t-il des choses qui t'agacent dans la BD en général ?

Je ne sais pas si je réponds vraiment à la question, mais je suis énervé par le manque de considération de la bande dessinée de façon générale. Quand j’étais en troisième, une discussion avec une professeure de français a fini par mener à cette réponse de sa part : « Les BD ne sont pas des vrais livres. ». Je raconte souvent cette anecdote, parce que c’est ce qui m’a convaincu, à l’époque, de ne pas mener d’études littéraires. Depuis, les choses ont un peu évolué, mais dans la tête de beaucoup de personnes, lire des bandes dessinées revient à ne pas lire du tout. Tant qu’on est dans les sujets qui fâchent, je remercie fondamentalement l’industrie cinématographique d’avoir sauvé les comics, mais en 2019, le milieu de la BD et l’audiovisuel entretiennent des relations étranges. Parce que quelques adaptions ont plutôt bien fonctionné, les studios de tout horizon vont racler les fonds de tiroirs, dans l’espoir de reproduire le succès du Marvel Cinematic Universe. Au moment où je réponds à cette question, Paramount vient d’acquérir les droits d’Atlas Comics. Personne ne sait ce que c’est. Tout le monde s’en fout. Entre ça, les entreprises américaines ou japonaises qui essayent de porter des mangas sur grand écran, sans y mettre la passion nécessaire et notre Gaston Lagaffe… Ça fait peur.

 -As-tu d'autres projets, même fantaisistes, que tu aimerais mener à bien ?

J’ai beaucoup de projets dans ma besace numérique, pour différents supports et j’aimerai les voir se concrétiser, mais je préfère ne pas trop en parler publiquement. Adapter Drak Béryl en film ou en série serait vraiment chouette, si un producteur me lit. Sinon, à part écrire pour Marvel, je pense que ce n’est pas dans la bande dessinée que se trouvent mes ambitions les plus fantaisistes. Par exemple, j’adorerai écrire un long-métrage d’animation Disney ou un truc dans l’univers de Doctor Who. Plus surprenant, peut-être, ça me brancherait bien d’écrire des storylines de catch. Les raisons données aux combats, les speeches que doivent balancer les athlètes, qui entrent presque en ligne de compte pour obtenir la victoire… Je trouve ça vraiment passionnant.



-Je te laisse maintenant le mot de la fin, et te dis merci et bonsoir.

J’aime beaucoup le café.

jeudi 16 mai 2019

Présence à Auchan Poitiers Sud samedi 18

Bonjour à tout le monde !

Samedi 18 mai, à Auchan Poitiers Sud, dans la galerie face à Franck Provost, nous serons présents avec l'exposition d'une vingtaine de planches et la démonstration de dessin en direct.

Cependant, si notre production sera consultable sur place, elle ne sera pas disponible à la vente. En revanche, nous aurons des bons de commande.

Nous vous attendons !

dimanche 12 mai 2019

Interviews arcadiennes : Florian R. Guillon

C'est chose faite. Vous retrouverez régulièrement des interviews des auteurs qui vous offrent le Multivers Arcadia, et rien de tel pour commencer que d'interviewer Florian R. Guillon, notre président, en cette date symbolique qui le voit dépasser l'âge du Christ !


Photo © MM Photographe



-Tout d'abord, bonjour, Florian. Peux-tu te présenter brièvement pour les milliards de malheureux qui ne te connaissent pas encore ?

Florian R. Guillon, président de l'association Arcadia Graphic Studio, infographiste-metteur en page, dessinateur, multi-tâches. Je suis inspiré par les comics dans ce que je fais, et c'est ainsi que j'ai créé, avec la complicité de Sophie, le magazine Forgotten Generation, parce qu'à l'époque, il n'y avait rien côté fanzines comics.

-Maintenant, parle-nous de ton parcours. Qu'est-ce qui t'a mené à la BD ?

J'ai toujours eu des BD à la maison. J'ai commencé par Astérix, les Schtroumpfs, Sylvain et Sylvette, ainsi que Lucky Luke et les Tuniques Bleues. On peut aussi ajouter quelques références rapportées de la bibliothèque de Thouars comme Oumpah-Pah. Donc en gros, j'ai toujours baigné dedans, au point que je dessinais même des cow-boys et des soldats de la Guerre de Sécession en maternelle. Je m'inspirais aussi des dessins animés de Tex Avery. Puis, au fil des années, j'ai découvert Gotlib, Blueberry, Lucien, Venom, Amalgam et bien d'autres qui ont un peu scellé mon destin.

-Quelles sont tes passions, ainsi que tes goûts en matière de BD, films, musique, séries ?

En BD, j'aime les comics, et ça constitue la plus grosse partie de ma collection, parce que c'était des périodiques accessibles et avec des personnages attirants. Je me fiche un peu de l'origine d'une BD, en fait, tant que le sujet m'interpelle. J'ai une prédilection pour ce qui est fantastique et super-héros un peu ancrés dans le réel, et pas seulement en BD, car je suis aussi féru de cinéma. Pour balancer quelques noms en BD, je dirais Dylan Dog, Martin Mystère, La Brigade Chimérique, New X-Men, Ultimates, Strangers, Spawn, Jean-Yves Mitton, Laurent Lefeuvre, Alan Moore et Junji Ito.



En cinéma, je peux citer facilement les Godzilla japonais, la trilogie Dark Knight, l'Exorciste, la trilogie Ring, Dark Water, Mamoru Oshii, Christophe Gans, The Thing, Hayao Miyazaki, et je suis également fasciné par les films de genre venus de France et de Belgique, pour leur atmosphère.

Les séries télévisées, j'en regarde un certain nombre, mais peu ont eu un véritable impact sur moi. Je regarde les séries DC régulièrement (ma préférée est Flash), je suis Caïn et Sherlock, mais je pense que celles que je retiendrais, ce serait Twin Peaks, Macross, Veronica Mars, Cobra, Albator 78, les Revenants, la Brigade des Maléfices, Batman TAS, Angel, Doctor WhoJustice League et Les Vampires.

En musique, je suis très porté sur le rock dur, avec des groupes comme Rammstein, Iron Maiden, Judas Priest, Halford, Alice CooperMegadeth, Nine Inch Nails, Oomph!, Black Sabbath, Annihilator, Therion, Blue Öyster Cult, et d'autres encore. Pour ce qui est d'autres styles, j'aime l'EBM comme Front 242 ou Funker Vogt, le folk, Mike Patton, et les chansonniers comme Giedré ou le très sympathique et regretté Corbier. Bon, avec tout ça, j'ai aussi mon péché mignon qui est les génériques de dessins animés, ce qui est allé de pair avec l'avènement des mangas et ce qui s'en rapprochait à partir de la fin des années 1990, quand tout commençait à sortir en vidéo.

Je pourrais aussi citer les jeux vidéo, comme les Sonic Adventure, Marvel VS Capcom, ShenMue, The Legend of Zelda, Metroid, Wonderboy, Might And Magic, Phantasy Star, Castlevania, Panzer DragoonFinal Fantasy, Landstalker, Virtua Cop, House of the Dead, etc.
 

En romans, je n’en lis malheureusement pas autant que je voudrais, parce que je ne suis pas très rapide et que j’ai souvent du mal à rester concentré dessus. J’ai toutefois commencé plusieurs séries : Arsène Lupin, Anita Blake, le Cycle de Mars et Bob Morane. J’ai un penchant assez prononcé pour la littérature feuilletoniste française du début du XXe siècle, ainsi que pour son imaginaire fantastique. Sinon, j’essaie en ce moment de finir American Gods de Neil Gaiman.

-Ont-elles une influence sur tes BD ?

Je pourrais juste dire oui, mais en fait je vais tâcher de détailler un peu mes réponses. J'ai une histoire courte entière de Dark Fates inspirée de Rammstein (Alter Mann), les noms atlantes que j'ai trouvés pour les personnages d'Arcadia sont du kobaïen (langue utilisée par le groupe Magma que j'aime beaucoup). La chanson Harvest Moon de Blue Öyster Cult m'a inspiré une partie du concept de Deliah Hill. Eddie, la mascotte d'Iron Maiden, est mon modèle inconscient de zombie. Le concept de Xavier Enrikchen (Dark Fates) est une réminiscence de Wolverine et Gambit. D'autres personnages de cette BD sont inspirés des détectives de l'impossible que sont Martin Mystère et Dylan Dog. Plusieurs noms que j’utilise dans mes œuvres sont puisés chez les feuilletonistes français. En réalité, tout est susceptible d'être une influence pour mes travaux, mais comme les sources sont très diversifiées, je pense qu'elles sont moins faciles à identifier que pour d'autres, qui tapent plutôt dans le versant connu de la pop culture. Personnellement, je suis de ceux qui considèrent que trop de référence tue la référence, surtout quand elle est amenée avec des sabots clown-size.

-Quelle a été ta première BD ?

Ma première BD, c'était un couvercle de bac plastique où étaient rangés des jouets, ça parlait d'un affrontement entre deux classes à l'école maternelle, avec des canons et tout. Bon, c'était du bonhomme-bâton, et la narration était incompréhensible, mais j'avais 5 ans...


En revanche, ma première BD publiée, c'était en 1994 dans Gamineries, le journal de mon école. Je m'étais inspiré des personnages de Might And Magic pour celle-là, le héros s'appelait Darius, et était un barbare nain. J'étais vachement baigné dans le style Sword and Sorcery à l'époque, avec les jeux vidéo Ax Battler, Barbarian II, Targhan et Might And Magic III, la BD Aria et le film Kalidor (Red Sonja). Je n'arrêtais pas de dessiner des monstres de ce genre sur mes cahiers. Par contre, la BD Darius n'a eu qu'un épisode d'une page, et ça fait bien longtemps que l'originale a été balancée. Fort heureusement, j'ai pu trouver un exemplaire du journal et scanner la reproduction.

D'ailleurs, j'ai ressuscité Darius dans Le Temps Des Héros !

-Pourquoi avoir créé Dark Fates ? D'où t'est venue cette idée ?

Alors, pour ça, il faut remonter le temps jusqu'en septembre 1998. J'avais 13 ans, et je pouvais donc regarder les Jeudis de l'angoisse sur M6, qui m'ont fait découvrir de super films interdits aux moins de 12 ans. Parallèlement, j'ai acheté en kiosque l'intrigant Judgment Day d'Alan Moore (avec couverture de Rob Liefeld et ses héros inconnus mais pas totalement inédits), et ça a été un choc pour moi : j'avais sous les yeux une histoire où, à partir du procès de Knightsabre des Youngblood, on trouvait un prétexte pour donner une Histoire imprégnée de pop culture classique à cet univers, avec un tas de genres différents. J'écoutais en boucle la cassette du premier album de Rob Zombie, Halloween commençait à pointer le bout de son nez en France... Donc à cette période, j'ai suivi l'exemple d'Alan Moore et je me suis lancé dans la création d'un univers entier, sans toutefois copier ce qu'il avait fait. Et dans cet univers mi-comics mi-rock n' roll, j'ai établi une équipe de héros sans costumes combattant des menaces mystiques : les Challengers du Macabre (le nom m'a été inspiré par Challengers of the Fantastic d'Amalgam, une autre influence pour moi). Sous ce nom, j'ai dû faire deux pages de BD, qui ont sûrement fini au feu. Mais j'avais déjà la première base de Dark Fates, avec Claire Djarvick, Xavier Enrikchen et Juan Cazaro.




La deuxième étape, c’était un projet de film que j’avais eu début 2000 : Obscures destinées. Je ne vais pas trop m’étendre là-dessus, parce que je n’en ai pas repris tant d’éléments, mais il était déjà question d’inspirations oniriques et d’un pouvoir qui tombe sans crier gare. Et l’un des personnages était le docteur Darkfate, référence à Amalgam là aussi.

C’est en 2001-2002 qu’on obtient la troisième étape déterminante de Dark Fates, avec La ville cauchemar, projet de roman/nouvelle où un jeune homme débarquait dans une ville pour retrouver ses amis, sauf que ses amis avaient disparu (dans leur appartement habitait une fille) et sa petite amie s’était volatilisée sous ses yeux. Toute l’histoire m’est venue d’un rêve. Et c’est ce scénario qui a été conservé pour devenir la colonne vertébrale de l’actuel Dark Fates, qui résulte donc d’une fusion de ces différents projets après décantation et ajouts divers, et ça a dû se passer vers 2007. Ce devait être à ce moment-là la première phase de la construction d’un nouvel univers super-héroïque, mais une fois Dark Fates officiellement commencé en 2008, j’ai décidé de faire exister la BD de manière autonome. 

-Qu'as-tu réalisé d'autre en BD ?

J'ai beaucoup de choses mort-nées, ou inachevées, pour des raisons diverses. J'ai comme squelette dans mon placard La Tourmente de Deliah Hill, un cadavre exquis horrifique qui a mal tourné. Par la suite, j'ai lancé un cadavre exquis super-héroïque et plus enthousiasmant nommé Le Temps Des Héros, inachevé aussi, malheureusement, mais dans lequel j'ai introduit les personnages de Yordi, Smasher et Darius (entre autres).

Pour Arcadia, j'ai dessiné une page de Forgotten Union, quatre pages (plus scénario) d'Esprit Vengeur, et scénarisé (avec Maxime) l'histoire d'Orst et scripté l'épisode 0 de World Justice.





A part ça, j'ai traduit, lettré et mis en page Black Terror, Barry Kuda, Jane Drake, The Mask, Ghost Woman et Jenny Everywhere (voir BD Bonus Online), tout en faisant aussi toute la mise en page de Forgotten Generation.

-T'inspires-tu de gens que tu connais ?

Encore une fois, je réponds par l’affirmative. Pour Dark Fates, les amis disparus d’Ewen Merrick sont basés sur des copains de collège qui étaient fêtards, Zira est basée sur une fille avec qui j’étais très ami au lycée, et la petite amie d’Ewen sur une camarade de classe. En fait, pour faire simple, ils sont tous apparus dans le rêve fondateur. Et Venomous Girl, que vous découvrirez bientôt, est basé sur mes années collège, avec tous les gens que j’ai pu côtoyer à l’époque.

-As-tu d'autres projets artistiques réalisés ou sur le point de l'être, BD ou non ?

En BD, j’ai un tas de projets plus ou moins avancés que je compte mener à bien dans le cadre d’Arcadia. Hélas, n’étant pas le dessinateur le plus rapide au monde et ayant plein de responsabilités à côté, je ne peux les travailler que par petites touches.

Les plus avancés sont Fighting Y., dont j’ai storyboardé 12 comic-strips (une expérimentation avec le format et le personnage de Fighting Yank) et Die Letzte V Fantomah, un crossover que j’ai commencé il y a plusieurs années, mais que je dois reprendre graphiquement en raison d’une différence de style.





Sinon, artistiquement, j’essaie de faire plus d’expérimentations artistiques, avec de la couleur et de nouvelles techniques, afin de pouvoir être exposé à nouveau. Je m'intéresse particulièrement aux possibilités des papertoys. Et j’aimerais bien faire de la vidéo, aussi.

-Attention, grande question : si on te proposait de reprendre une série actuelle en BD (qu'importe l'origine), laquelle choisirais-tu ?

Question très difficile. Dans les séries actuelles, je ne sais pas tellement comment je pourrais y faire mon trou, car certaines sont en cours depuis tellement longtemps que c’est difficile à renouveler. Je ne pense pas que j’irais regarder dans les séries américaines et italiennes, mais plutôt dans des séries françaises comme Strangers ou le Garde Républicain, où il y a plus de marge de manœuvre. Et parce que ça fera plaisir à Maxime, je me verrais bien écrire Drak Béryl un petit peu, histoire de montrer que je peux aussi faire de l’humour.

-Même question, mais avec une série disparue.

Pareil, je pense que j’irais taper dans le patrimoine français. Fantax est en train de revenir, ça pourrait être sympa. Je ne connais pas le statut actuel de Fantask Force, ça pourrait être intéressant aussi. Mais je crois que j’ai plus envie de jouer avec Judex et les Vampires. Aux USA, je me verrais bien m’amuser avec les héros de Malibu Comics ou le ShadowMan d’Acclaim.



-De quelle manière t'y prendrais-tu ?

Alors, ça dépend du projet, mais partir dans une veine fantastico-horrifique issue du patrimoine serait une base. Pour Judex, je le confronterais à un super-vilain. Pour les héros de Malibu, jouer sur un post-super-héroïsme à la Wildcats me plairait assez. Pour les Vampires, par contre, j’essaierais plutôt d’approfondir les personnages et de faire une version plus complète de l’histoire, sans les aléas de la production cinématographique.

J’aime aussi le principe de la déconstruction et du contre-pied.

-Quel serait ton crossover rêvé, aussi improbable soit-il ?

Dark Fates/Harry Potter, ce serait tellement n’importe quoi que j’achèterais. Je vais plutôt rester sur des bases réalistes et essayer de faire des crossovers avec des œuvres qui ne sont pas de grosses licences, même si ça me ferait un max de pub. En fait, pour tout dire, en 2000, je voulais un crossover Venomous Girl/Batman Beyond (dans mes projets de l'époque, il y avait trois phases dans mon univers, et Venomous Girl vivait donc dans le futur). Des crossovers avec des BD que je lisais, ce serait génial, comme Dark Fates/Hellboy, Dark Fates/Darkness, Arcadia/Chaos! Comics. Mais déjà, arriver à faire des crossovers avec des indés comme Yamraj ou des auteurs de webcomics ou de BD underground (comme Reed Man), ça me comblerait. Encore plus si la rencontre Georges Daniel/Ewen Merrick pouvait être plus qu’une simple illustration de couverture de Gilles Boverod.

Sinon, j’ai bien envie de voir un crossover Fox-Boy/Drak Béryl.


















- Le mot de la fin est pour toi.


Je dirai simplement : lisez la production Arcadia Graphic Studio, c'est fait avec amour et passion, et plus vous serez nombreux à la lire, plus on pourra en sortir. Et je peux vous dire qu'avec ce qui va venir, c'est le moment ou jamais.