Bonjour à toutes et à tous ! Le 15 septembre 2018 est un peu spécial, puisque c'est celui qui a été choisi pour célébrer le Chevalier Noir, qui a fait sa première apparition dans les pages de Detective Comics en 1939 ! Alors que DC en profite pour sa plate-forme de streaming vidéo à la demande et qu'Urban Comics a défini son propre programme, chez Arcadia Graphic Studio on veut aussi fêter le Batman Day, avec le super-héros Mask !
Mask est un personnage, désormais
libre de droits, créé par l’auteur Raymond
Thayer pour l’éditeur Nedor.
Il est apparu dans Exciting Comics #1
en avril 1940, et est l’adaptation en bande dessinée du personnage de nouvelles
et romans pulp Black Bat, de Norman A. Daniels. Ce dernier dispose
d’une certaine popularité et a été l'objet d'un film sur lui : les
problématiques liés à une trop grande ressemblance graphique avec Batman, lancé en même temps, ont mené à créer Mask pour les comics. Il est,
notamment, une inspiration du vilain Harvey
Dent/Double-Face.
A la base un procureur à succès
agressé et atteint de cécité, il est aidé par l’étrange Carol Smith, qui lui permet de retrouver une vue, améliorée, et de
lutter contre le crime en tant que Mask !
L’éditeur Arcadia a le plaisir
d’annoncer la reprise de ce personnage dans son catalogue et, à l’occasion du
Batman Day, nous proposons aux curieux de découvrir une traduction d’un des comics originaux, mais aussi une nouvelle et des illustrations du Mask
moderne !
Venez découvrir les débuts et la
reprise de l’un des cousins de Batman durant l’Âge d’Or ! Bonne lecture !
La nuit des monstres
par Ben Wawe
La
lourde porte grinçante est soulevée de terre par deux poignes solides, et
glisse difficilement sur les rails rouillés. Le bruit est horrible, aigu et
désagréable, heureusement très court ; c’est ouvert.
Une
demi-douzaine d’ombres se faufile dans le passage, et les muscles s’activent
encore pour replacer la porte. Dans ce sens, c’est heureusement plus
facile ; ils en ont vite terminé.
Quelques
secondes leur suffisent pour s’avancer dans les ténèbres, sans tâtonner ;
la force de l’habitude. Ils parviennent rapidement à destination, quelques
allumettes sont grattées – et deux lampes plus vieilles qu’eux sont allumées…
la lumière apparaît. Puis éclaire la zone.
Cinq
hommes et une femme se trouvent dans une salle perdue d’une usine abandonnée.
D’immenses poutres en béton soutiennent la structure, mais le reste n’est que
gravats, détritus, coupures de journaux, ordures ou vagues biens récupérés çà
et là ; rien de bien, rien de bon, rien de neuf – mais c’est leur foyer.
Quelques
mots sont échangés, et des caisses sont placées en cercle autour d’un feu de
camp froid, qui a été consolidé après leur arrivée ici. Ils connaissent cette
planque depuis une semaine, et l’ont trouvée après avoir échappé à une
patrouille de flics. Ils sont la cible de l’officier Jordan, un acharné qui
veut absolument les retrouver – et ils ont bien failli y passer, avant de se
cacher ici.
Depuis,
ils s’y sont faits. Depuis, ils ont commencé à s’installer. Depuis, ils y sont
bien.
Le
feu se renforce, la chaleur se diffuse ; lentement. Les blousons sont
toujours sur les épaules, et les ouvertures sont resserrées, pour limiter la
venue du froid. L’hiver est brutal, terrible. De nombreux sans-abris sont déjà
décédés, et les stratégies de l’Administration ne sont pas assez efficaces pour
endiguer une vague mortelle, qui s’étend.
New
York grelotte, disent les experts avec un léger sourire ; uniquement parce
qu’eux sont au chaud.
Les
gens, les vrais, savent ce qu’il en est. New York gèle, et la foule d’anonymes
errant dans les rues se meurt ; le danger est partout. Et la survie,
alors, devient une réalité – et un enjeu.
Quelques
produits sont sortis des réserves, et placés sur le feu : une boîte de
conserve volée, des sardines périmées, un bout de viande récupéré. Pas
grand-chose, mais suffisant pour les nourrir… même si, en soi, ils pourraient
se payer plus, et mieux.
Hélas,
ils le dépensent autrement ; hélas, l’argent acquis plus tôt dans la
journée glisse déjà dans les narines, et s’évapore dans les veines. Héroïne,
pour certains ; crack, pour d’autres.
Le
poison se diffuse… en eux, car la ville est déjà infestée, et leur génération
aussi. Dites non à la drogue, ont-ils
toujours entendu ; okay. Mais on fait quoi, alors, pour vivre, et oublier
un peu ce qui plonge dans la misère et la rue ?
Ce
sont des gamins. Le plus jeune a quinze ans, et a été mis dehors par son père
quand ce dernier a découvert son coming-out ; le plus vieux en a vingt, et
a déjà été en prison. Où il a vu, fait et subi des actes qui le hanteront à
jamais.
Ce
sont des gamins. Paumés, terrorisés, loin de leurs proches, incapables de
rentrer chez eux, de se structurer ; ce sont des gamins. Mais pas des
saints.
Certes,
ils sont à plaindre – certes, ils doivent être aidés. Certes, la seule fille du
groupe a subi le pire il y a deux mois, quand elle traînait avec d’autres,
mais… ce ne sont pas des saints. Ils ont froid, ils ont peur, ils n’ont plus
rien – et sont désespérés ; ils agissent comme tels.
Ils
dépouillent des gens. Ils volent les passants. Ils s’en prennent aux personnes
seules, et tentent même des cambriolages.
Ils
sont terrorisés ; maladroits. S’énervent vite. Se perdent vite. Vont trop
loin, trop vite.
Ils
sont ensemble depuis plusieurs semaines, et ont déjà de nombreuses attaques à
leur actif. Le phénomène s’amplifie, dans la ville, et les journaux font de
plus en plus état de telles bandes, qui sévissent contre les joggers, contre
les solitaires, même contre certains conducteurs. La police s’empare du
problème, on dit même que certains voudraient appeler les Héros, comme la
nouvelle Black Terror. De nombreuses
rumeurs font état de choses étranges autour de ces bandes, des liens supposés
avec la Mafia ou d’autres organismes… ces gamins le sauraient s’ils
s’informaient ; mais non, ils n’ont pas le temps. Ils survivent, juste.
Alors,
ils volent. Alors, ils attaquent. Alors… ils vont trop loin. Ils frappent –
trop fort. Alors, ils tuent.
Et
oublient, et s’oublient dans les drogues, toujours plus nombreuses, toujours
plus fortes ; car il en faut, pour oublier ce qu’ils ont dû faire pour
l’obtenir.
Un
cercle vicieux. Une abomination. Une horreur, pour eux.
Mais
cela ne change rien pour leurs victimes. Cela ne changera rien pour le coureur
qui les a rencontrés ce matin et qui a fait l’erreur de vouloir prendre un
raccourci dans Central Park ; qui a fait l’erreur de poser les yeux sur la
fille, en pleine toilette ; et qui a été passé à tabac par la bande,
encore sous l’effet des substances de la nuit.
Ils
l’ignorent, car ils l’ont oublié après avoir dépouillé son corps inconscient et
brisé, mais il est mort ; il est mort et son enfant à naître ne le
connaîtra jamais.
Ils
l’ignorent, car ils s’en fichent – et se perdent, définitivement, dans ce
poison qui est devenu leur quotidien, leur existence. Ils s’en fichent, oui,
comme beaucoup dans cette ville.
Mais certains ne s’en fichent pas.
Un
bruit, sec et aigu, réveille l’un d’entre eux… le plus jeune, toujours à fleur
de peau. En pleine montée d’effet, il grogne contre ce qui le prive du meilleur
– mais se relève, quand même ; inquiet.
Difficilement,
en tanguant, il tente de s’avancer vers un coin de la salle. La pièce est
immense, sombre mais entièrement close. Seule la porte coulissante, qu’ils ont
bloquée, permet l’accès ; c’est sûr, ici. C’est leur foyer. C’est sûr, et
ils n’ont rien à craindre… les autres l’ont dit. Les autres ont toujours
raison.
Il
s’avance, alors, se tenant aux murs, aux anciens meubles brisés et si dangereux.
A plusieurs reprises, il manque de se blesser, de se trancher ;
heureusement, la chance lui sourit ce soir. Il n’a rien.
Il
n’a rien… pour l’instant.
Le
coup est soudain, et il ne voit rien venir. Alors qu’il s’approchait d’un des
angles de la pièce, un poing s’est extrait des ténèbres, et l’a frappé au nez.
Il
recule, et sent quelque chose couler sur lui ; son esprit est trop
anesthésié pour le comprendre, mais l’os est brisé, et le sang coule fortement.
Il tente de garder l’équilibre, mais voit alors une forme qui émerge, elle, des
ombres.
« Mais…
mais… », murmure-t-il en tentant de voir cette silhouette, qui se devine
difficilement ; trop tard. Un autre coup s’écrase sur lui, cette fois-ci à
la tempe : il tombe, sans s’en rendre compte. Et une chaussure brune
s’écroule sur son torse, suffisamment violemment pour lui couper la
respiration, et l’empêcher de bouger pour bien longtemps.
La
suite s’enclenche, alors ; et se passe de mots.
Les
autres, dans leur état éthéré, ne se rendent pas compte tout de suite ce qu’il
se passe ; c’est mieux. La forme s’échappe, et fond sur chacun d’entre eux
– littéralement. La silhouette bondit, saute sur des distances extraordinaires,
et vient frapper le moindre membre de cette bande.
Après
que qu’un autre se soit fait agresser, ceux qui restent tentent de reprendre
conscience et de se redresser – mais ce n’est que le cinquième,
l’avant-dernier, qui parvient à se relever pleinement. Les jambes tremblantes,
perdu, il tente de lever ses poings… mais se fait étaler en trois coups bien
placés ; cruels, mais efficaces. Il s’écroule.
Seule
demeure la fille, alors. Seule demeure cette petite chose, chétive et
terrorisée, qui pleure et s’écrase, anéantie par le choc. Pas celui de ce soir,
pas l’anéantissement de sa bande – mais ce que cela révèle. La découverte, par
une vérité violente et absolue, que sa vie a pris ce tour-là ; que c’est
devenu ça, sa vie.
Elle
s’écroule, s’abandonne. La forme vient se placer devant elle, puis la prend
dans ses bras. Avec une douceur imprévue.
Par
réflexe, elle crispe ses mains endommagées par les drogues sur lui – sur ce qui
semble être un homme, portant un tissu doux et tendre ; de luxe. Elle s’y
accroche, oui. Et tressaille, en entendant les quelques mots murmurés à son
oreille.
« Dis-moi », glisse-t-il lentement.
« Dis-moi qui crée les monstres. »
Mask par Yannick Potier.
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Plus
tard. Ailleurs.
Il
est cinq heures du matin ; la soirée s’achève déjà.
Donnie
Don s’avance tranquillement dans le couloir sombre, dans les profondeurs de son
night-club ; il sourit, en regardant ses chaussures de marque, engoncé
dans ses vêtements hors de prix. Il vient de vérifier les résultats, et les
bénéfices seront bons, ce soir. Les filles ont ramené assez de billets pour
couvrir ses frais, et la vente de drogues a battu des records ; une bonne
soirée, oui m’sieur.
Assez
pour lui permettre de partir plus tôt que d’habitude. Assez pour laisser Andy
fermer. Assez pour récupérer une des filles, oui m’sieur. Une des plus jeunes,
lui bourrer le nez de poudre, la sortir de la piste de strip-tease, et
l’emmener avec lui ; pour bien finir la soirée, oui m’sieur.
Donnie
Don sourit. Les ventes sont bonnes. Les filles plaisent. Il fait froid, les
paumés ont besoin de drogue, et lui peut en fournir. Rien ne semble pouvoir le
gêner. Rien ne semble pouvoir l’emp…
Trois
chocs le stoppent. Deux sourds, un plus long ; trois bruits, terribles.
Donnie
s’arrête, se fige, fronce les sourcils. Il se tourne, regarde du côté du
couloir qu’il vient de quitter – rien. Pas un mouvement. Pas une dissonance, dans
cet endroit qu’il connaît si bien, froid et gris. Sans goût, sans décoration,
sans chaleur ; sans humanité, comme il l’a voulu.
Il
regarde ensuite de l’autre côté, vers sa destination – la sortie, où
l’attendent Tim et Tom, ses deux hommes de main. Deux masses, deux brutes, aux
muscles tout droit sortis de dessins-animés, tordus et vicieux comme il aime.
Ils ont dû récupérer la p’tite, et la mettre dans la limo pour lui.
Est-ce
que… ? Est-ce qu’elle… ? Non. Non m’sieur, il le sait, elle n’oserait
pas ; personne n’oserait se révolter, refuser le privilège d’une nuit avec
Donnie Don. Non. Impossible. Inacceptable, m’sieur.
Porté
par une boule de colère, d’indignation, Donnie Don accélère le pas, et s’avance
jusqu’à la lourde porte en métal, qui sépare le night-club de
l’extérieur ; de son monde de l’autre, diraient certains, même si c’est
faux. Son monde s’étend au-delà de ces murs, et Donnie Don a une soif de
conquérant – et bien des moyens de l’assouvir, oui m’sieur.
« Hey,
c’est quoi ce bord… », commence-t-il en haussant le ton, avant de
s’arrêter ; le souffle coupé.
Il
est bien à l’extérieur, maintenant. Il est dans l’arrière-cour, devant sa
limousine. Il voit Tim et Tom.
Brisés.
Les
deux armoires à glace sont au sol, les visages fracassés, étalés comme des
marionnettes abandonnées en plein jeu ; il y a du sang, beaucoup et il ne
les voit même pas respirer.
« Put…
putain… », dit-il en reculant, par instinct, terreur. Il lève une main,
entrouvre la bouche, sent un frisson terrible glisser dans son dos – et
s’arrête, soudain, quand il sent quelque chose dans son dos. Contre son dos.
Quelque
chose… non. Quelqu’un.
« Donnie Don », murmure une voix
lourde, qui roule comme le tonnerre. « Tu ne peux plus te cacher. »
« Qui…
qui… », tente le dealer en voulant se retourner – mais il n’y arrivera
pas. Une poigne terrible, puissante, s’empare de son crâne, et l’accompagne en
le projetant vers l’avant ; vers la limousine.
Son
visage s’écrase violemment sur le capot… trois fois, en dix secondes. Donnie
aurait bien tenté de se défendre, mais la brutalité coupe sa
concentration ; il est déjà trop tard.
Un
coup bien placé vient s’écraser dans ses cotes, et en brise deux. Un balayage
aux jambes le prive de tout appui, et le fait s’écrouler au sol ; au
passage, son crâne s’ouvre sur une jante. Ça ne s’arrête pas là.
Ses
cheveux, si longs et bien coiffés, sont récupérés, tirés – et Donnie Don est
violemment projeté, en arrière. Son corps s’élève et retombe, tel une marionnette, lui aussi ; la douleur
est totale. Mais pas suffisante, hélas, pour l’inconscience qu’il appelle de
ses vœux.
« Qu…
qu’est… pour… pourq… », essaye-t-il de murmurer, incapable de comprendre
que le peu de forces qui lui reste doit être orienté vers la guérison. Mais
cela fait cesser les coups – pour l’instant.
« Parce que tu vends du poison, qui anéantit
tes victimes, qui en font encore d’autres », réplique une forme qui
vient se positionner juste au-dessus de lui. « Ceci est un avertissement – non pas pour toi, mais pour tes congénères.
Un signal. Une promesse. », continue ce que Donnie parvient à
identifier comme un homme… un homme étrange, vêtu d’un costume de luxe, digne
d’un businessman, mais au visage – au visage qu’il ne voit pas ; qu’il ne
reconnait pas. Un visage masqué.
« M…
mais… », murmure le dealer, dont le système nerveux cède, et ploie sous
l’immense douleur ; qui devient immense, totale. Au point qu’il ne peut
même plus hurler.
« Je veille sur cette ville. Je détruis les
monstres, et ceux qui les créent. Et je n’ai aucune pitié. », répond
l’autre en levant un poing fermé, prêt à s’abattre.
« M…
qu… qui… », bégaye Donnie, qui sent sa vessie céder sous lui ; plus
de peur que de douleur.
« Je suis celui qui agit, parce que d’autres
n’osent pas. Mon masque ne me cache
pas – il révèle les horreurs de vos âmes ! »
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« T’as
vu la une du Times ? »,
lance Patricia dès que Josh rentre dans la chambre, et dépose sa veste sur le
porte-manteau.
« Nan,
c’est quoi ? », réplique-t-il en levant une main pour la saluer, en
se dirigeant directement vers le lit. Il pose un baiser rapide sur les cheveux
du jeune homme qui y est allongé. Son corps est relié à une dizaine de machines
autour de lui. Ses yeux sont fixes.
« Une
bande et un dealer ont été passés à tabac, hier soir. Salement »,
répond-elle en repliant le journal qui a fait sa une sur l’officier Jordan, qui
a retrouvé les corps roués de coups. Elle dépose les quelques pages sur la
table amovible, qui peut glisser sur le lit en cas de repas ; hélas, cela
fait bien longtemps que le jeune homme n’en prend plus.
« Tu…
tu penses que ce sont les mêmes ? Ceux qui lui ont fait ça ? »,
glisse Josh à voix basse, alors que Patricia se lève et vient le rejoindre, de
l’autre côté du lit.
« Non,
tu le sais bien », soupire-t-elle en caressant lentement le bras
abominablement figé du patient. « Sa… ceux… enfin, ils ont été arrêtés il
y a six mois, et ils sont en prison. Ils… ceux d’hier étaient des paumés,
drogués. Ceux… ceux qui ont fait ça, l’ont fait parce qu’il… parce qu’ils ne le
supportaient pas, lui. Mais il y en a
d’autres. Il y en a d’autres, qui font ce qu… ce qu’ils lui ont fait »,
souffle-t-elle en tenant de stopper ses larmes.
« Est-ce
que… est-ce que c’est… enfin… », essaye Josh, en concentrant son regard
sur le jeune homme – ce visage qu’il connaît si bien, qu’il a appris par cœur
et qui a fait sa joie pendant dix-huit ans ; puis son malheur, ces six
derniers mois. Ce visage qu’il a vu grandir, changer, mûrir, déformé par des émotions…
et des grimaces, devant lesquelles il fondait.
Le
visage de son fils… figé dans cet état, dans ce masque d’immobilité maintenant.
« Oui »,
souffle Patricia, « c’est la même méthode. Quelqu’un les retrouve.
Quelqu’un les agresse. Quelqu’un remonte jusqu’au dealer. »
« Et…
enfin, c’est comme… pour… », murmure Josh en régulant difficilement sa
respiration.
« Oui »,
répond-elle, « oui, même description. Un homme, en vêtements de luxe, bien
habillé, businessman – avec un masque,
et a priori invincible. Un homme, qui retrouve les… enfin… qui les retrouve,
puis remonte jusqu’à plus haut, et stoppe tout. La description est… est la même
que… que celui qui a retrouvé ceux… enfin. Voilà. »
« Je
vois », réplique Josh en baissant les yeux – et en levant la main, qui se glisse
entre les doigts de Patricia.
Lentement,
tous deux relèvent leurs regards, et partagent le même moment, le même
sentiment ; la tristesse s’empare d’eux, mais ils tiennent… ils tiennent
pour lui.
Six
mois depuis que leur fils a été agressé lors d’un trajet-retour depuis
l’Université. Six mois depuis qu’une bande s’est acharnée sur lui, parce qu’il
portait un badge Black Lives Matter.
Six mois depuis qu’il a été roué de coups par des extrémistes blancs, parce
qu’il a commis l’erreur d’être Noir et de refuser le déterminisme social. Six
mois depuis qu’il est sorti du coma, le lendemain de l’attaque – mais le corps
entièrement brisé, l’esprit uniquement capable de communiquer via des
mouvements des paupières.
Bart
Weina est tétraplégique, dans un état pire que tout ; pire que la Mort.
Mais,
et ses parents l’ignorent… son espoir n’a pas disparu – il est revenu.
Il
est revenu, quelques semaines plus tôt, quand une femme étrange, Carol Smith,
lui a rendu visite dans sa chambre d’hôpital. Il est revenu, quand elle lui a
longuement parlé… de ce qui lui est arrivé, de l’attaque, de l’horreur, de ce
qui a été fait – et de ce qui n’a pas été fait. Par ceux qui pouvaient, qui
pouvaient l’aider en entendant ses cris mais en s’en détournant ; ou qui
pouvaient empêcher tout ça à la source, par l’éducation ou la contestation.
Et
n’ont rien fait.
Carol
Smith a parlé, oui. De ceux qui peuvent mais ne font rien… de ceux qui
voudraient faire, mais ne peuvent pas ; de l’injustice. De cette haine de
l’injustice, qui brûle et hante depuis longtemps l’Humanité – et anime
certains. Certains qui osent agir. Certains qui n’osent pas, même s’ils le
pourraient. Et certains qui voudraient agir, mais ne le peuvent pas.
Elle
a parlé, encore et encore. Puis a ouvert sa boîte, son paquet… pour donner un
cadeau, à Bart ; un masque,
glissé sur son visage.
Et
tout a changé, alors.
Comme
Tony Colby avant lui, comme bien d’autres avant lui, comme tous ceux approchés
par l’étrange Carol Smith au fil des Âges, tout a changé pour Bart – il a changé.
Il
ignore comment, mais le masque lui
rend son corps, et l’améliore encore. La haine qu’il ressent, enfermé depuis
des mois dans ce corps brisé, est un feu suffisant pour agir – agir comme il le
veut ; comme il le faut.
Chaque
soir, Carol Smith se glisse discrètement dans l’hôpital, et glisse le masque sur Bart ; qui se
transforme, alors. Qui n’est plus seulement un jeune homme brisé et anéanti,
brûlant de fureur – il devient plus, il est plus.
Par ce masque, Bart Weina change – il dispose
du Pouvoir, offert à ceux qui brûlent d’agir mais ne le peuvent pas !
Il devient
membre de ceux qui luttent, dans l’ombre et depuis des années, pour compenser
l’inaction de ceux qui pourraient faire, mais n’osent pas !
Il devient le Rôdeur Sombre, le
vengeur qui veille, l’ombre qui hante !
Il est la terreur des criminels – et
des monstres qui les créent !
Il devient… Mask !
En guise de conclusion à cette nouvelle, toute l'équipe d'Arcadia vous souhaite un joyeux Batman Day ! Si vous voulez découvrir les aventures du premier Mask, c'est par ici ! Pour ce qui est de Bart Weina... Il reviendra !
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