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-Tout
d'abord, bonjour, Florian.
Peux-tu te présenter brièvement pour les milliards de malheureux
qui ne te connaissent pas encore ?
Florian
R. Guillon, président de l'association Arcadia Graphic Studio,
infographiste-metteur en page, dessinateur, multi-tâches. Je suis
inspiré par les comics dans ce que je fais, et c'est ainsi que j'ai
créé, avec la complicité de Sophie, le magazine Forgotten
Generation, parce qu'à l'époque, il n'y avait rien côté
fanzines comics.
-Maintenant, parle-nous de ton parcours. Qu'est-ce qui t'a mené à la BD ?
-Maintenant, parle-nous de ton parcours. Qu'est-ce qui t'a mené à la BD ?
J'ai
toujours eu des BD à la maison. J'ai commencé par Astérix, les
Schtroumpfs,
Sylvain et Sylvette, ainsi que Lucky Luke et les Tuniques Bleues. On
peut aussi ajouter quelques références rapportées de la
bibliothèque de Thouars comme Oumpah-Pah. Donc en gros, j'ai
toujours baigné dedans, au point que je dessinais même des cow-boys
et
des soldats de la Guerre de Sécession en
maternelle. Je
m'inspirais aussi des dessins animés de Tex Avery. Puis, au fil des
années, j'ai découvert Gotlib, Blueberry, Lucien, Venom, Amalgam et
bien d'autres qui ont
un
peu scellé mon destin.
-Quelles sont tes passions, ainsi que tes goûts en matière de BD, films, musique, séries ?
-Quelles sont tes passions, ainsi que tes goûts en matière de BD, films, musique, séries ?
En
BD, j'aime les comics, et ça constitue la plus grosse partie de ma
collection, parce que c'était des périodiques accessibles et avec
des personnages attirants. Je me fiche un peu de l'origine d'une BD,
en fait, tant que le sujet m'interpelle. J'ai une prédilection pour
ce qui est fantastique et super-héros un peu ancrés dans le réel,
et pas seulement en BD, car je suis aussi féru de cinéma. Pour
balancer quelques noms en
BD,
je dirais Dylan Dog, Martin Mystère, La Brigade Chimérique, New
X-Men, Ultimates, Strangers, Spawn, Jean-Yves Mitton, Laurent
Lefeuvre, Alan Moore et Junji Ito.
En cinéma, je peux citer facilement les Godzilla japonais, la trilogie Dark Knight, l'Exorciste, la trilogie Ring, Dark Water, Mamoru Oshii, Christophe Gans, The Thing, Hayao Miyazaki, et je suis également fasciné par les films de genre venus de France et de Belgique, pour leur atmosphère.
Les
séries télévisées, j'en regarde un certain nombre, mais peu ont
eu un véritable impact sur moi. Je regarde les séries DC
régulièrement (ma préférée est Flash), je suis Caïn et
Sherlock, mais je pense que celles que je retiendrais, ce serait Twin
Peaks, Macross, Veronica
Mars,
Cobra, Albator 78, les Revenants, la Brigade des Maléfices, Batman
TAS, Angel, Doctor Who, Justice League et Les Vampires.
En
musique, je suis très porté sur le rock dur, avec des groupes comme
Rammstein, Iron Maiden, Judas Priest, Halford, Alice Cooper, Megadeth, Nine Inch
Nails, Oomph!, Black Sabbath, Annihilator, Therion, Blue Öyster Cult, et d'autres encore. Pour
ce qui est d'autres styles, j'aime l'EBM comme Front 242 ou Funker
Vogt, le folk, Mike Patton, et les chansonniers comme Giedré ou le
très sympathique et regretté Corbier. Bon, avec tout ça, j'ai
aussi mon péché mignon qui est les génériques de dessins animés,
ce qui est allé de pair avec l'avènement des mangas et ce qui s'en
rapprochait à partir de la fin des années 1990, quand tout
commençait à sortir en vidéo.
Je
pourrais aussi citer les jeux vidéo, comme les Sonic Adventure,
Marvel VS Capcom, ShenMue, The Legend of Zelda, Metroid, Wonderboy,
Might
And Magic, Phantasy
Star, Castlevania, Panzer Dragoon, Final Fantasy, Landstalker, Virtua Cop, House of the Dead, etc.
En
romans, je
n’en lis malheureusement pas autant que je voudrais, parce que je
ne suis pas très rapide et que j’ai souvent du mal à rester
concentré dessus. J’ai toutefois commencé plusieurs séries :
Arsène Lupin, Anita Blake, le Cycle de Mars et Bob Morane. J’ai un
penchant assez prononcé pour la littérature feuilletoniste
française du début du XXe siècle, ainsi que pour son imaginaire
fantastique. Sinon, j’essaie en ce moment de finir American Gods de
Neil Gaiman.
-Ont-elles une influence sur tes BD ?
-Ont-elles une influence sur tes BD ?
Je
pourrais juste dire oui, mais en fait je vais tâcher de détailler
un peu mes réponses. J'ai une histoire courte entière de Dark Fates
inspirée de Rammstein (Alter Mann), les noms atlantes que j'ai
trouvés pour les personnages d'Arcadia sont du kobaïen (langue
utilisée par le groupe Magma que j'aime beaucoup). La chanson Harvest Moon de Blue Öyster Cult m'a inspiré une partie du concept de Deliah Hill. Eddie, la mascotte d'Iron Maiden, est mon modèle inconscient de zombie. Le concept de
Xavier Enrikchen (Dark Fates) est une réminiscence de Wolverine et
Gambit. D'autres
personnages de cette BD sont inspirés des détectives de
l'impossible que sont Martin Mystère et Dylan Dog. Plusieurs
noms que j’utilise dans mes œuvres sont puisés chez les
feuilletonistes français.
En
réalité, tout est susceptible d'être une influence pour mes
travaux, mais comme les sources sont très diversifiées,
je
pense qu'elles sont moins faciles à identifier que pour d'autres,
qui tapent plutôt dans le versant connu de la pop culture.
Personnellement, je suis de ceux qui considèrent que trop de
référence tue la référence, surtout quand elle est amenée avec
des sabots clown-size.
-Quelle a été ta première BD ?
-Quelle a été ta première BD ?
Ma
première BD, c'était un couvercle de bac plastique où étaient
rangés des jouets, ça parlait d'un affrontement entre deux classes
à l'école maternelle, avec des canons et tout. Bon, c'était du
bonhomme-bâton, et la narration était incompréhensible, mais
j'avais 5 ans...
En
revanche, ma première BD publiée, c'était en 1994 dans Gamineries,
le journal de mon école. Je m'étais inspiré des personnages de
Might And Magic pour celle-là, le héros s'appelait Darius, et était
un barbare nain. J'étais vachement baigné dans le style Sword and
Sorcery à l'époque, avec les jeux vidéo Ax Battler, Barbarian II,
Targhan et Might And Magic III, la BD Aria et le film Kalidor (Red
Sonja). Je n'arrêtais pas de dessiner des monstres de ce genre sur
mes cahiers. Par contre, la BD Darius n'a eu qu'un épisode d'une
page, et ça fait bien longtemps que l'originale a été balancée.
Fort heureusement, j'ai pu trouver un exemplaire du journal et
scanner la reproduction.
D'ailleurs, j'ai ressuscité Darius dans Le Temps Des Héros !
-Pourquoi avoir créé Dark Fates ? D'où t'est venue cette idée ?
-Pourquoi avoir créé Dark Fates ? D'où t'est venue cette idée ?
Alors,
pour ça, il faut remonter le temps jusqu'en septembre 1998. J'avais
13 ans, et je pouvais donc regarder les Jeudis de l'angoisse sur M6,
qui
m'ont fait découvrir de super films interdits aux moins de 12 ans.
Parallèlement, j'ai acheté en kiosque l'intrigant Judgment Day
d'Alan Moore (avec
couverture de Rob Liefeld et ses héros inconnus mais pas totalement
inédits), et ça a été un choc pour moi : j'avais sous les yeux
une histoire où, à partir du procès de Knightsabre des Youngblood,
on trouvait un prétexte pour donner une Histoire imprégnée de pop
culture classique à cet univers, avec un tas de genres différents.
J'écoutais en boucle la cassette du premier album de Rob Zombie,
Halloween commençait à pointer le bout de son nez en France... Donc
à cette période, j'ai suivi l'exemple d'Alan Moore et je me suis
lancé dans la création d'un univers entier, sans toutefois copier
ce qu'il avait fait. Et dans cet univers mi-comics
mi-rock n' roll,
j'ai établi une équipe de héros sans costumes combattant des
menaces mystiques : les Challengers du Macabre (le nom m'a été
inspiré par Challengers of the Fantastic d'Amalgam, une autre
influence pour moi). Sous ce nom, j'ai dû faire deux pages de BD,
qui ont sûrement fini au feu. Mais j'avais déjà la première base
de Dark Fates, avec Claire Djarvick, Xavier Enrikchen et Juan Cazaro.
La
deuxième étape, c’était un projet de film que j’avais eu début
2000 : Obscures destinées. Je ne vais pas trop m’étendre
là-dessus, parce que je n’en ai pas repris tant d’éléments,
mais il était déjà question d’inspirations oniriques et d’un
pouvoir qui tombe sans crier gare. Et l’un des personnages était
le docteur Darkfate, référence à Amalgam là aussi.
C’est
en 2001-2002 qu’on obtient la troisième étape déterminante de
Dark Fates, avec La ville cauchemar, projet de roman/nouvelle où un
jeune homme débarquait dans une ville pour retrouver ses amis, sauf
que ses amis avaient disparu (dans leur appartement habitait une
fille) et sa petite amie s’était volatilisée sous ses yeux. Toute
l’histoire m’est venue d’un rêve. Et c’est ce scénario qui
a été conservé pour devenir la colonne vertébrale de l’actuel
Dark Fates, qui résulte donc d’une fusion de ces différents
projets après décantation et ajouts divers, et ça a dû se passer
vers 2007. Ce devait être à ce moment-là la première phase de la
construction d’un nouvel univers super-héroïque, mais une fois
Dark Fates officiellement commencé en 2008, j’ai décidé de faire
exister la BD de manière autonome.
-Qu'as-tu réalisé d'autre en BD ?
J'ai beaucoup de choses mort-nées, ou inachevées, pour des raisons diverses. J'ai comme squelette dans mon placard La Tourmente de Deliah Hill, un cadavre exquis horrifique qui a mal tourné. Par la suite, j'ai lancé un cadavre exquis super-héroïque et plus enthousiasmant nommé Le Temps Des Héros, inachevé aussi, malheureusement, mais dans lequel j'ai introduit les personnages de Yordi, Smasher et Darius (entre autres).
Pour Arcadia, j'ai dessiné une page de Forgotten Union, quatre pages (plus scénario) d'Esprit Vengeur, et scénarisé (avec Maxime) l'histoire d'Orst et scripté l'épisode 0 de World Justice.
A part ça, j'ai traduit, lettré et mis en page Black Terror, Barry Kuda, Jane Drake, The Mask, Ghost Woman et Jenny Everywhere (voir BD Bonus Online), tout en faisant aussi toute la mise en page de Forgotten Generation.
-T'inspires-tu de gens que tu connais ?
-T'inspires-tu de gens que tu connais ?
Encore
une fois, je réponds par l’affirmative. Pour
Dark Fates, les amis disparus d’Ewen Merrick sont basés sur des
copains de collège qui étaient fêtards, Zira est basée sur une
fille avec qui j’étais très ami au lycée, et la petite amie
d’Ewen sur une camarade de classe. En fait, pour faire simple, ils
sont tous apparus dans le rêve fondateur. Et Venomous Girl, que vous
découvrirez bientôt, est basé sur mes années collège, avec
tous les gens que j’ai pu côtoyer à l’époque.
-As-tu d'autres projets artistiques réalisés ou sur le point de l'être, BD ou non ?
-As-tu d'autres projets artistiques réalisés ou sur le point de l'être, BD ou non ?
En
BD, j’ai un tas de projets plus ou moins avancés que je compte
mener à bien dans le cadre d’Arcadia. Hélas, n’étant pas le
dessinateur le plus rapide au monde et ayant plein de responsabilités
à côté, je ne peux les travailler que par petites touches.
Les
plus avancés
sont
Fighting Y., dont j’ai storyboardé 12 comic-strips (une
expérimentation avec le format et le personnage de Fighting Yank)
et Die Letzte V Fantomah, un crossover que j’ai commencé il y a
plusieurs années, mais que je dois reprendre graphiquement en raison
d’une différence de style.
Sinon,
artistiquement, j’essaie de faire plus d’expérimentations
artistiques, avec de la couleur et de nouvelles techniques, afin de
pouvoir être exposé à nouveau. Je m'intéresse particulièrement aux possibilités des papertoys. Et
j’aimerais bien faire de la vidéo, aussi.
-Attention, grande question : si on te proposait de reprendre une série actuelle en BD (qu'importe l'origine), laquelle choisirais-tu ?
-Attention, grande question : si on te proposait de reprendre une série actuelle en BD (qu'importe l'origine), laquelle choisirais-tu ?
Question
très difficile. Dans les séries actuelles, je ne sais pas tellement
comment je pourrais y faire mon trou, car certaines sont en cours
depuis tellement longtemps que c’est difficile à renouveler. Je ne
pense pas que j’irais regarder dans les séries américaines et
italiennes, mais plutôt dans des séries françaises comme Strangers
ou le Garde Républicain, où il y a plus de marge de manœuvre. Et
parce que ça fera plaisir à Maxime, je me verrais bien écrire Drak
Béryl un petit peu, histoire
de montrer que je peux aussi faire de l’humour.
-Même question, mais avec une série disparue.
-Même question, mais avec une série disparue.
-De quelle manière t'y prendrais-tu ?
Alors,
ça dépend du projet, mais partir dans une veine
fantastico-horrifique issue du patrimoine serait une base. Pour
Judex, je le confronterais à un super-vilain. Pour les héros de
Malibu, jouer sur un post-super-héroïsme à la Wildcats me plairait
assez. Pour les Vampires, par contre, j’essaierais plutôt
d’approfondir
les personnages et de faire une version plus complète de l’histoire,
sans les aléas de la production cinématographique.
J’aime
aussi le principe de la déconstruction et du contre-pied.
-Quel serait ton crossover rêvé, aussi improbable soit-il ?
-Quel serait ton crossover rêvé, aussi improbable soit-il ?
Dark
Fates/Harry Potter, ce serait tellement n’importe quoi que
j’achèterais. Je vais plutôt rester sur des bases réalistes et
essayer de faire des crossovers avec des œuvres qui ne sont pas de
grosses licences, même si ça me ferait un max de pub. En fait, pour
tout dire, en 2000, je voulais un crossover Venomous Girl/Batman
Beyond (dans mes projets de l'époque, il y avait trois phases dans mon univers, et Venomous Girl vivait donc dans le futur). Des
crossovers avec des BD que je lisais, ce serait génial, comme Dark
Fates/Hellboy, Dark Fates/Darkness, Arcadia/Chaos! Comics. Mais déjà,
arriver à faire des crossovers avec des indés comme Yamraj ou des
auteurs de webcomics ou de BD underground (comme Reed Man), ça me
comblerait. Encore plus si la rencontre Georges Daniel/Ewen Merrick
pouvait être plus qu’une simple illustration de couverture de
Gilles Boverod.
- Le mot de la fin est pour toi.
Je dirai simplement : lisez la production Arcadia Graphic Studio, c'est fait avec amour et passion, et plus vous serez nombreux à la lire, plus on pourra en sortir. Et je peux vous dire qu'avec ce qui va venir, c'est le moment ou jamais.
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