Lord Corlatius par Ismaël Ba |
Et voici déjà la troisième interview arcadienne, consacrée cette fois à Ben Wawe, rédacteur-en-chef adjoint de Forgotten Generation présent depuis 2012 dans nos rangs.
-Tout d'abord, bonjour, Ben Wawe. Peux-tu te présenter brièvement pour les milliards de malheureux qui ne te connaissent pas encore ?
Bonjour
à tous.
Je
suis Ben Wawe, et j'écume Internet avec ce pseudonyme depuis une
bonne quinzaine d'années. Je me suis baladé sur beaucoup de forums
comics (Le Royaume de Donovan, Buzz Comics, Comics Sanctuary) ou
encore de forums Jeux-De-Rôle. Je suis actuellement contributeur
auprès du site Top Comics ( https://topcomics.fr/
),
pour des articles, critiques et avis sur l'actualité comics, ou des
points plus précis.
J'ai
tenu pendant 3-4 ans un forum de fan-fictions, ces récits de fans
pour les fans ; la spécificité est qu'il s'agissait d'une
« réinvention » des personnages Marvel et DC. Une
reprise des noms, pouvoirs et engagements, mais une modification du
reste (origines, évolutions, etc.). On a eu un Matt Murdock qui
devient Daredevil car un démon (Oni) est caché dans un masque
japonais qu'il vole, et lui donne des pouvoirs ; Spider-Man est
l'élu du dieu amérindien de la justice. Galactus est un virus
informatique. Les Fantastic Four sont des délinquants, et bien
d'autres. L'élément rigolo est qu'on a appelé ça Urban Comics,
car les fan-fictions étaient dans un univers street, urbain... sans
lien avec l'éditeur français, donc. Oh, et pour information,
l'extraordinaire SteF y a commencé !
J'ai
ensuite tenu deux blogs de nouvelles, et j'ai participé à plusieurs
versions de recueils de nouvelles d'un forum, Buzz Comics. Les Plumes
de Buzz étaient centrés sur des thèmes en particulier, comme le
Steampunk, l'horreur, etc. C'était cool.
Ma
plus grande fierté demeure d'avoir participé au recueil Haiyan,
disponible à la vente (
https://www.thebookedition.com/fr/haiyan-p-106346.html
).
De nombreux auteurs ont écrit sur le typhon qui a frappé les
Philippines en 2013, et tous les fonds récoltés ont été versés
aux associations venues en aide. Je suis très ému, si longtemps
après, d'y repenser. D'avoir pu aider, au moins un peu, avec mon
petit talent, me touche.
Enfin,
je collabore depuis 6 ans à Arcadia Graphic Studio, dans le magazine
Forgotten Generation mais également le hors-série Apocalypse
Please. J'y ai édité et fait évoluer mon héros, Lord Corlatius,
et je reprends désormais le personnage de Black Terror, créé en
1941 dans Exciting Comics #9 et libre de droits. J'ai également le
statut de rédacteur en chef adjoint du magazine Forgotten
Generation.
-Maintenant,
parle-nous de ton parcours. Qu'est-ce qui t'a mené à la BD ?
Mes
parents, la lecture et... la télévision.
Mes
parents, parce qu'ils ont toujours aimé et collectionné les BD.
J'ai grandi avec Tintin, Pierre Tombal, Spirou... mais aussi Les
Passagers du Vent, Les Compagnons du Crépuscule, Les Chemins de
Malefosse, Les Sept Vies de l’Épervier. J'avais accès à leur
bibliothèque, et je dévorais tout. Ça m'a appris le plaisir de
découvrir la BD, qui allie la finesse de l'écriture à la puissance
des images.
La
lecture, ensuite. J'ai toujours beaucoup lu, également tout ce qui
me passait sous la main. J'ai dévoré la majorité des romans
jeunesse de mon époque, puis les polars...et la science-fiction. Ma
famille n'a jamais été trop versée dedans, mais je suis tombé
dans ce genre – et je n'en suis jamais sorti. Et il se marie
extrêmement bien avec les images.
Enfin,
la télévision. Car je suis né en 1987, et j'ai eu la chance de
grandir avec, en programmes télévisés pour la jeunesse, les séries
animées Batman / Superman, l'ange de Metropolis / Justice League, mais aussi X-Men et Spider-Man (et leurs génériques eux aussi
mythiques), et les plus confidentielles Iron Man, Fantastic Four et
Hulk. Ces contacts avec les super-héros m'ont marqué plus que tout
autre chose ; la passion pour ces personnages, pour ce genre de
héros, est née et n'est jamais partie.
La
transition avec la lecture des BD qui ont inspiré ces séries a été
fluide, et facile ; et définitive, surtout. Mon premier comics
fut un Nova, le n°195, mais j'ai « vraiment » commencé
avec un magazine Fantastic Four, période Heroes Reborn ; le
n°5. En 1998, je crois. Je n'ai pas arrêté d'acheter des comics,
chaque mois, depuis. Depuis 21 ans, donc ! On ne rajeunit pas.
-Quelles sont tes passions, ainsi que tes goûts en matière de BD, films, musique, séries ?
La
lecture demeure une grande passion. Comme beaucoup, le cinéma et les
séries me plaisent beaucoup, mais... oui, la lecture. Les romans,
les BD, les comics ; ça demeure ma passion principale. En fait,
je crois que ce sont surtout les histoires, ma passion. Que ça soit
sous forme de livre, de court ou long-métrage, ou même de récit
audio... ce qui m'importe, ce qui m'intéresse, ce qui me plaît et
ce qui m'anime, ce sont les histoires.
Les
histoires, c'est à mon sens le cœur de tout ; le cœur de nos
vies. Les gens adorent les histoires, ils en ont besoin pour vivre.
Pour s'échapper du quotidien, pour penser à autre chose, pour
s'imaginer autrement... pour avancer. Pour rêver.
Les
histoires cimentent nos vies, et sont au cœur de nous tous ; en
tout cas, au cœur de moi. J'adore les histoires, que ça soit les
lire ou les raconter. Créer, inventer une histoire, c'est
extraordinaire – et être lu aussi. Intéresser quelqu'un,
l'emmener ailleurs par ce qu'on fait, ce qu'on produit... c'est
merveilleux, vraiment. Ça nous élève, en tout cas ça m'élève.
Franchement, qu'y a-t-il de mieux que d'amuser, émouvoir ou inspirer
autrui ? C'est ce qui nous fonde, justifie nos existences.
« We
are all stories, in the end. Just make it a good one », dit la
série TV Doctor Who. Je valide. Et j'espère autant en raconter de
bonnes... qu'en vivre une, aussi. Ce qui est bien, bien plus
difficile que d'en créer une, d'ailleurs.
Oh,
et pour revenir à la question... je le redis, je suis fan de
science-fiction. J'ai peu de goût pour l'heroic-fantasy, ou les
genres associés ; je suis plus robot que elfe, pour simplifier.
Le genre ne m'emporte pas, je n'y arrive pas. La SF m'éclate plus ;
imaginer un futur, proche ou non, me transporte. Cela se ressent dans
mes goûts, avec notamment une longue période où je ne lisais QUE
Philip K. Dick (dont le meilleur récit n'est PAS Blade Runner, qui
n'est pas le vrai titre de l'oeuvre, mais plutôt Ubik).
Mon
auteur favori demeure le malheureusement méconnu Norman Spinrad,
merveilleux et terrible auteur d'uchronies terrifiantes (notamment
Rêve de Fer, sur la folie nazie ; ou Le Printemps russe, sur la
conquête spatiale et la construction européenne).
En
matière de BD, je suis un fan absolu de Warren Ellis, un auteur
irrégulier mais dont les thèmes de prédilection me touchent
toujours. Son récit Royal Space Force, une uchronie où le
Royaume-Uni récupère les savants nazis à la place des Américains
et lance une conquête spatiale plus intense, est sûrement le titre
qui m'emporte le plus, qui correspond à mes thèmes et aspirations.
Planetary, sur des archéologues du surnaturel et des conspirations,
est une ode à la culture populaire qui me transporte toujours. Et
Transmetropolitan est un brûlot social et politique, un cri de rage
qui annonçait et annonce beaucoup encore ; parfait pour une
fureur adolescente.
Bien
entendu, j'apprécie grandement l'auteur Alan Moore, le plus grand
auteur de comics de tous les temps ; mais je n'adhère plus à
ses récents travaux. M'enfin, comment ne pas admirer par sa
« trilogie parfaite » ? Watchmen a changé les
comics mais est surtout l'oeuvre ultime du médium, From Hell est
d'une profondeur rare, et V for Vendetta est une gifle que je
reprends à chaque fois.
En
séries TV, je suis plus irrégulier et infidèle, je « m'attache »
peu... mais je demeure fan de Doctor Who, dont les thématiques me
parlent toujours. Gros coup de cœur récent pour Penny Dreadful,
malgré une fin maladroite.
En
films, je suis client de ce que fait Christopher Nolan, mais... plus
ses films « annexes » que sa trilogie Batman, que
j'aime beaucoup, mais je préfère Interstellar, Le Prestige et
surtout Inception, que je considère comme l'un des tous meilleurs
films de science-fiction, littéralement parfait et puissant.
Et
en musique... je suis fan de metal et de hard-rock « à
l'ancienne ». Je peux citer AC/DC, Metallica, System of a Down,
Linkin Park, Offspring, actuellement Imagine Dragons fait des trucs
gentils mais sympas... je ne connais pas bien les genres, et je
tourne souvent sur les mêmes titres.
-Ont-elles
une influence sur tes BD ?
Complètement.
Mon
personnage de Lord Corlatius est une entité psychique qui saute de
corps en corps, possédant des anonymes. Il va et vient entre les
mondes parallèles, pour lutter contre les Liktalzzz, un peuple de
monstres qui veulent détruire toute vie. Le lien avec Doctor Who est
évident, mais j'ai étendu ses aventures à divers principes de
science-fiction.
La
reprise de Black Terror n'est pas anodine non plus. Forgotten
Generation a une tradition pour reprendre des personnages de l'Âge
d'Or des comics, mais... Black Terror est différent. Son look fait
penser à une fusion du Punisher et de Batman, mais il y a plus de
Superman, en fait. Le pharmacien timide devient Black Terror après
avoir eu des pouvoirs, mais garde une identité civile de « lâche ».
Il devient vraiment lui-même sous son masque, pour des principes
super-héroïques classiques mais efficaces. Mon projet est de
raconter les histoires de « plusieurs » Black Terror, au
fil de l'Histoire ; ça va bien m'amuser, et sûrement se
rapprocher des thématiques de Planetary.
-Quelle
a été ta première BD ?
Ma première BD publiée a été dans dans Ganesha #1 à l'automne
2011. Il s'agit d'une édition de l'association 92 Bulles, montée
également sur Buzz Comics. J'y ai publié L'homme monstre, qui est
le « brouillon » de Lord Corlatius ; ce n'était
franchement pas brillant.
A
suivi ensuite Forgotten Generation V1 #3, en juillet 2013. Les
Origines de Lord Corlatius, avec le formidable Bruce Cherin. Avec le
début de tout.
-Pourquoi
avoir créé Lord Corlatius ? D'où t'est venue cette idée ?
Je
ne vais pas mentir : l'inspiration initiale de Lord Corlatius
est Doctor Who, mais j'ai réussi à m'en détacher ; m'enfin,
les liens demeurent. J'ai même rédigé, pour le fun, une rencontre
entre les deux personnages.
Sinon,
je voulais tout simplement un personnage orienté
« science-fiction », avec un caractère difficile, et une
position « grise ». Je lisais à l'époque Neverwhere de
Neil Gaiman, et j'ai été passionné par le Marquis de Carabas, si
digne et charismatique, mais si étrange... et tendancieux. Le
« Lord » est venu du « Marquis », et
« Corlatius » est une construction mentale rapide.
Pour
simplifier, je voulais un personnage trouble, avec beaucoup de
mystère, et une aura étrange et « mystique » autour de
lui. J'espère avoir réussi.
Pour
la reprise de Black Terror, l'idée est venue d'un brainstorming avec
Florian, président, et Maxime, rédacteur en chef. La volonté était
d'avoir une nouvelle icône pour Arcadia, mais de respecter également
l'ADN de l'association... la reprise d'un personnage de l'Âge d'Or
est devenue une évidence. Black Terror s'est ensuite imposé, pour
son aura, sa popularité... et le défi de le réinventer, tout
simplement.
J'ai
envie de construire toute une chronologie, une Histoire de Black
Terror sur plusieurs personnages. J'ai toujours été passionné par
le principe d'héritage, notamment chez les super-héros ;
j'aime quand l'apprenti prend la place du mentor, etc. Je vais
essayer de travailler là-dessus, pour créer une sorte de...
mythologie personnelle du super-héroïsme, sur plusieurs
générations. Sacré défi.
-T'inspires-tu
de gens que tu connais ?
Non,
heureusement ! Mes personnages sont rarement sains d'esprit.
-As-tu
d'autres projets artistiques réalisés ou sur le point de l'être,
BD ou non ?
La
reprise de Black Terror m'occupe beaucoup ! Nous avons plusieurs
projets, notamment des nouvelles illustrées, des BD... mais aussi la
transposition de Forgotten Generation sur plusieurs médias. C'est
passionnant.
En
parallèle, je rédige de nombreux articles pour Top Comics, ce qui
est très plaisant et chronophage. Passionnant également.
J'ai
donc mis les nouvelles de côté ; mais c'est un cycle. Ça
reviendra !
-Attention,
grande question : si on te proposait de reprendre une série actuelle
en BD (qu'importe l'origine), laquelle choisirais-tu ?
Question
terriblement difficile pour un fan depuis 21 ans. Mon premier réflexe
serait Batman... parce que j'adore le personnage, parce que je me
reconnais dans beaucoup d'éléments, parce qu'il est une icône et
que je suis complètement fan. Mais non. Je pense que ça serait la
fausse bonne idée : à être trop attaché, trop ancré dans un
personnage, on en vient à... ne pas créer, en fait ; mais
reproduire ce qu'on a aimé. Ce n'est donc pas très intéressant.
Si
je pouvais reprendre une série, je reprendrais Fantastic Four. Parce
que l'équipe a été mes « préférés » du début de
mes lectures comics. Parce que j'aime beaucoup les personnages, mais
je ne suis pas un fan « hardcore ». Et parce qu'ils ont
été stoppés un temps par Marvel, car ils ne vendaient pas... et la
relance actuelle n'est pas très bonne. Il y a tout à reconstruire
sur eux, alors. Avec une continuité extrêmement riche, l'aura de la
« First Family of Marvel », mais une vraie possibilité
de relancer le titre et des personnages que certains considèrent
has-been.
Ce
serait un défi grisant... mais aussi parce que ces personnages sont
fondamentalement positifs, aventureux, alors que ce ne sont pas
forcément des traits de personnalité qui sont les miens. Les écrire
serait donc un « effort », mais ça justifierait que je
m'applique au maximum pour créer leurs aventures ; et il est
donc très probable que je réalise des meilleures choses, qu'en me
cantonnant à ce que je connais et lis tous les mois.
-Même
question, mais avec une série disparue.
Difficile
à dire. Souvent, les séries disparues sont des séries terminées...
et je trouve regrettable de relancer des séries terminées.
Je
dirais cependant Global Frequency, de Warren Ellis. Une série basée
sur le principe d'un épisode / un dessinateur différent / un thème
différent / un groupe de personnages différents... tous sous
l'autorité de Miranda Zero. Qui a créé une organisation mondiale,
avec des spécialistes dans chaque domaine qui peuvent être appelés
en cas de crise qui les concerne. Une véritable série anthologique,
avec un potentiel extraordinaire de diversité et de folie créative.
Le titre aurait dû devenir une série TV, mais ça n'est jamais
arrivé... dommage.
J'adore
le principe du changement d'orientation, la possibilité de changer
de propos et de thème à chaque numéro ; c'est passionnant, et
fun.
-De
quelle manière t'y prendrais-tu ?
Pour
Fantastic Four, je souhaiterais revenir aux bases, à l'esprit
d'aventure. Je souhaiterais garder l'idée que les enfants aient
grandi, et je souhaiterais les faire avancer en âge au fil de la
série. Mais surtout... de l'aventure, de l'aventure, de l'aventure.
Longtemps, la série Fantastic Four a été un chaudron de créations,
de concepts qui ont forgé l'univers Marvel. Les Inhumains, Adam
Warlock, Black Panther, Galactus, Molecule Man, la Zone Négative,
l'Enclave... tout cela vient des Fantastic Four ! Et j'aimerais
reproduire le même dynamisme créatif, en multipliant les concepts,
les idées, les nouveautés.
Mais,
pour commencer dur et direct, je plongerais les F.F. au cœur d'une
autre dimension, perdus et sans aide... hormis eux-mêmes. Pour se
concentrer sur les personnages, leurs interactions ; leurs
magies.
Bien
entendu, cela peut rappeler des choses que d'autres auteurs ont déjà
faits – mais créer n'implique pas de ne pas s'inspirer.
Enfin,
pour Global Frequency, je reproduirais la formule de Warren Ellis ;
parce qu'elle m'amuse et me donne envie de la reprendre. Voilà !
-Quel
serait ton crossover rêvé, aussi improbable soit-il ?
Largo
Winch VS Tony Stark.
-Y
a-t-il des choses qui t'agacent dans la BD en général ?
Les
tics d'écriture ou les « modes », qui sont trop souvent
reprises, copiées et utilisées jusqu'à ce que les lecteurs n'en
puissent plus. En fait, c'est moins un problème d'auteurs que des
éditeurs, des décideurs qui veulent absolument recréer des grands
succès. Cette course au « buzz » est fondamentalement
fatigante... d'autant que ça ne fonctionne quasiment jamais.
Lassant.
-As-tu
d'autres projets, même fantaisistes, que tu aimerais mener à bien ?
J'ai
commencé il y a longtemps un recueil de nouvelles, de
science-fiction puis de steampunk. J'aimerais le terminer avant mes
40 ans.
Sinon,
une web-série Forgotten Generation, même « cheap », ça
serait quand même cool !
-
Question subsidiaire : un dernier mot ?
Merci.
Merci à ceux qui ont lu, survolé ou juste cliqué ici. Merci à
Florian d'avoir fondé Forgotten Generation. Merci à Maxime de m'y
avoir amené. Merci aux lecteurs de nous faire continuer. Merci à
mes proches, pour me supporter. Merci à ma femme, pour tout ce
qu'elle est et ce qu'elle m'apporte.
Et
merci à vous, qui avez un peu d'intérêt pour nous ; c'est
peu, pour vous, mais beaucoup, pour nous.
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